Deux camps s'opposent dans l'affaire Sofiane Bennacer, un des acteurs du film Les Amandiers. D'une part celles et ceux qui réclament défendre les droits des femmes et des victimes en mettant en lumière les agissements supposés (viols et violences) de ce jeune acteur et s'insurgeant contre l'attitude de la réalisatrice Valeria Bruni-Tedeschi, sa compagne lors du tournage et accusée de ne pas avoir voulu se passer de ce comédien considéré par certains comme toxique. D'autre part, il y a les personnes qui refusent de bafouer la présomption d'innocence et sont choquées par ce lynchage médiatique de l'homme autant que de l'oeuvre qui a pu être déprogrammée de certaines salles. Dans Le Point, une centaine d'artistes parmi lesquels des noms très connus, s'est mobilisée, à l'initiative de la philosophe Sabine Prokhoris, contre cette situation et ont signé une tribune contre la présomption de culpabilité.
Charlotte Gainsbourg, son compagnon Yvan Attal, Fanny Ardant, Charles Berling, Patrick Chesnais, Béatrice Dalle, Anny Duperey, Guillaume Durand, Brigitte Lahaie, Frédéric Mitterrand, Eric Naulleau ou encore les 3 Seigner, Emmanuelle, Mathilde et Marie-Amélie, font partie de la centaine de signataires de ce texte qui rappelle la beauté du film, dans un premier temps acclamé et désormais dans l'oeil du cyclone. L'acteur qui a été rayé de la liste des révélations des César, est considéré coupable avant son procès, tandis que la soeur de Carla Bruni-Sarkozy est accusée d'être complice. Un emballement médiatique inadmissible - avec en point d'orgue la couverture controversée de Libération - qui discrédite la véritable lutte contre les violences faites aux femmes, d'après ce texte.
Cette tribune met aussi en avant le fait que les nombreux et talentueux acteurs du film ont pâti de cette situation. Seul Vassily Schneider, frère de Niels, a osé s'exprimer, clamant être reconnaissant de tout ce que lui a apporté la cinéaste. "La défense des femmes est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux mains d'une doxa activiste – relayée par une sphère médiatique obnubilée par les effets de buzz. À terme, pareil dérèglement menace le féminisme, et la société tout entière dans ses idéaux d'égalité et de justice pour tous. Ces idéaux sont notre bien à tous", lit-on dans la tribune. À noter, Vincent Perez ou encore Carla Bruni ne font pas partie des signataires alors qu'ils avaient ouvertement affiché leur colère contre le traitement médiatique de l'affaire. La femme de Nicolas Sarkozy s'en était notamment pris à Libération pour sa Une consacrée à Sofiane Bennacer, lui lançant un "honte à toi" sur Instagram.
Sofiane Bennacer reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture définitive de l'affaire.