Charlotte Gainsbourg parle avec passion et complicité de sa fille Alice, égérie comme elle de la marque Comptoir des cotonniers. Sous les feux de la rampe avec son enfant, l'artiste explique en interview pour Madame Figaro le processus qui l'a conduite à accepter de poser avec la prunelle de ses yeux, revient sur sa propre enfance et raconte ce qu'elle a envie de transmettre aux siens.
En couple avec l'acteur-réalisateur Yvan Attal - ils préparent ensemble un nouveau film, Heureux en France -, Charlotte Gainsbourg est mère de trois enfants : Ben (18 ans), Alice (13 ans) et Joe (4 ans). On la connaît très timide et en même temps, on la suit depuis son adolescence et elle semble s'être donnée comme rare les actrices le font pour la caméra et la beauté du 7e Art. Elle a choisi de poser avec sa fille pour Comptoir des cotonniers et revient sur leur démarche : "J'étais très heureuse de faire cela avec elle. Pourtant, j'ai longtemps été contre. J'ai été beaucoup photographiée enfant avec mes parents, je m'en fichais, c'était normal, et puis, quand ils se sont séparés, ç'a été un cauchemar. Tout s'est retourné contre eux, contre nous. (...) Je me suis dit que ma vie privée était à préserver coûte que coûte. Donc, quand les enfants sont nés, avec Yvan, on a tout fait pour les cacher. J'ai déjà tourné avec mon fils, mais c'était presque clandestin. Alice, elle, en avait envie. On en a parlé. J'ai commencé à travailler exactement au même âge, 12 ans."
Elle a une approche de la féminité qui est la sienne.
Voir sa fille en séance photo rend Charlotte Gainsbourg heureuse car elle la sent épanouie : "Elle est très tranquille, à l'opposé de moi, elle semble n'avoir aucune inquiétude. Mais bon, il faut se méfier des enfants qui semblent ne pas avoir trop de problèmes et rester attentif !" Si elle avait pu émettre des doutes sur ses qualités d'éducation, l'actrice et chanteuse peut se réjouir d'avoir une fille "très mûre" et qui est très différente d'elle : "Elle a une approche de la féminité qui est la sienne."
L'enfance d'Alice est bien différente de celle qu'a eu Charlotte Gainsbourg : "A son âge, je rêvais qu'on me fixe des règles, que mes parents m'imposent des horaires de coucher, qu'ils me demandent si j'avais fait mes devoirs. Je mentais à mes amis pour faire croire que j'avais une vie de famille normale." En interview pour Télérama, elle allait même plus loin, déclarant : "J'ai grandi avec l'idée que le malheur est séduisant. La mélancolie tenait une grande place dans nos vies. (...) Mes parents ne m'ont pas appris à vivre joyeusement."
Ayant vécu des épreuves, Charlotte Gainsbourg ne veut pas pour autant faire table rase du passé et prend soin à transmettre son histoire familiale à ses enfants : "Il y a d'abord la culture d'Yvan. La culture juive d'Algérie. On fait les grandes fêtes, et puis c'est très joyeux. Du côté de mon père, il me reste deux tantes. Mais ce côté russe est moins présent. Du côté anglais, hérité de ma mère, c'est plus facile, même si je trouve cela un peu artificiel de leur parler en anglais. (...) Aujourd'hui, trop de personnes ne sont plus là. Alors Noël [à l'anglaise] aussi s'est éteint."
Quelle place à son père, l'iconique Serge Gainsbourg disparu en 1991 ? "Quand mon fils Ben est né, j'étais encore dans le manque de mon père. J'avais du mal à parler de lui. Avec Alice, cela a été plus facile. Je lui ai fait écouter des chansons comme Comic Strip ou Harley-Davidson." Elle montre à ses enfants la rue de Verneuil où vivait son père. Une maison à laquelle elle continue de s'accrocher, "de manière absurde" : "Toutes ces années... et je n'arrive pas à évoluer. C'est idiot."
Sa famille a été frappée par un drame en 2013 : la mort de la soeur de Charlotte, Kate Barry, photographe. Avec sa soeur Lou Doillon et leur mère Jane Birkin, le clan a été plongé dans la douleur. Comment survivre à cette épreuve ? Chacune fait du mieux qu'elle peut. Charlotte Gainsbourg a décidé de partir à New York : "J'étais la seule à vouloir déménager. C'est Alice, ensuite, qui m'a beaucoup aidée à convaincre les autres à rendre cela possible."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Madame Figaro du 21 août