S'estimant "inquiet" de la montée de l'antisémitisme depuis quelques années, Yvan Attal a décidé de sortir des cartons un vieux projet, une comédie à sketchs dans laquelle il moquerait des poncifs éculés et autres clichés sur les juifs. Début juin, il expliquait sur une chaîne israélienne son désir de "démonter les clichés antisémites par le biais de la comédie". À l'époque, ce film s'appelait #lesjuifs.
Et s'il n'a toujours pas de titre définitif aujourd'hui, il est en passe d'être bouclé par son réalisateur Yvan Attal. Le compagnon de longue date de Charlotte Gainsbourg va donc rentrer dans le planning initial, sans retard et ce malgré une certaine réticences chez les professionnels et notamment les investisseurs. "Les chaînes hertziennes ont refusé de s'engager financièrement. Elles ont trouvé le sujet trop risqué", déplore Thomas Langmann, le producteur de ce film à sketchs.
Devant la caméra, on croisera par exemple Benoît Poelvoorde en néonazi nostalgique, Dany Boon en juif loser et fauché, Gilles Lellouche en agent secret chargé de remonter dans le temps pour éliminer Jésus, ou encore Denis Podalydès en talmudiste. "Je ne voulais pas stigmatiser personne, ni tomber dans les travers du film communautaire, explique le cinéaste au Journal du Dimanche. Je veux dire combien j'aime la France, et combien je suis triste de voir des Français de confession juive avoir peur de leur pays, au point de le quitter pour certains."
Je suis rôdé en matière de racisme
Le prochain film d'Yvan Attal dérange. Charlie Hebdo, la négation de la Shoah, le drame Ilan Halimi, les frasques de Dieudonné, le massacre de Merah... Autant de sujets forts et dramatique qui ont alimenté les plus houleux débats en France et bien sûr l'antisémitisme. "Le public a peut-être besoin d'en rire", croit savoir Dany Boon. Le Ch'ti n'a pas hésité à être payé au minimum syndical et s'offrir ainsi un rôle à contre-emploi, loin de ce à quoi il nous habitue. Car lui aussi a été victime de l'antisémitisme et du racisme, et pas parce qu'il vient du Nord. "J'ai compris que ma conversion [au judaïsme] était réussie quand j'ai été inondé d'insultes et de menaces", raconte l'humoriste et comédien. Mais avant de devenir juif, Dany Boon a eu d'autres expériences. "Je suis rôdé en matière de racisme, dit-il au JDD. Dès mon enfance, j'ai connu le rejet avec un père kabyle musulman laïque et une mère catholique. J'ai vu le racisme contre les Kabyles de la part des Algériens, mais aussi l'exclusion de ma famille maternelle." En conclusion, il rebondit sur un dernier cas d'actualité, l'agression d'une jeune fille en maillot de bain dans un parc de Reims par 5 autres jeunes femmes. Il a finalement été démontré qu'il s'agissait d'une simple bagarre entre filles où des mots concernant un surpoids n'auraient pas dû être prononcés, et non un conflit de religions : "Cela en dit long sur l'état de l'opinion en matière d'islamophobie." Et qui justifie totalement le prochain long métrage d'Yvan Attal qui devrait sortir courant 2016.