Serge Gainsbourg et Jane Birkin : pose détente à Saint-Tropez avec Kate (Barry) et Charlotte (Gainsbourg) en 1977© BestImage
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Installée dans le quartier historique de la bohème folk à New York avec son compagnon Yvan Attal et leurs trois enfants, Ben (17 ans), Alice (13 ans) et Joe (4 ans), Charlotte Gainsbourg travaille sur un nouvel album, dont les chansons seront à 50% en français. Une nouvelle vie en Amérique pour celle qui a vécu un drame en décembre 2013, la perte de sa soeur, la photographe Kate Barry. Pour le magazine Télérama, elle se confie sur son parcours d'enfant d'artistes légendaires et d'actrice audacieuse. Extraits.
Charlotte Gainsbourg a quitté Paris : "Je ne pouvais plus respirer. J'espère que je saurai, un jour, regarder Paris à nouveau, sans que ça soit douloureux." Elle est donc partie aux États-Unis, où elle était apparue radieuse lors d'une soirée arty-chic à l'automne dernier. Petite, l'Amérique ne représentait rien pour elle, ses parents se nourrissaient plutôt d'influences anglaises. Elle se réjouit aujourd'hui du positivisme made in USA : "Ça ferait gerber mon père, mais ça fait du bien. Je sais que c'est factice, mais ça m'aide."
"La mélancolie tenait une grande place dans nos vies"
La mentalité dans laquelle a été élevée l'actrice et chanteuse est très éloignée de celles des Américains : "J'ai grandi avec l'idée que le malheur est séduisant. La mélancolie tenait une grande place dans nos vies. (...) Mes parents ne m'ont pas appris à vivre joyeusement." Si le spleen a marqué sa vie, elle était très libre durant son enfance : "Je mentais aux autres enfants, pour avoir l'air normale, en disant que je devais rentrer à minuit. J'ai fait mes premières tentatives de sortie en boîte de nuit vraiment tôt. À 13 ou 14 ans. Mon père avait téléphoné aux Bains Douches pour qu'on m'y interdise l'entrée. Il avait entendu dire que j'y fumais des joints. Faux. Je n'en ai jamais fumé. J'aurais bien aimé pourtant."
Avec son père, elle a regardé à 10 ans Carrie, Duel, Shining... Un papa pas comme les autres : "Même s'il ne s'occupait pas beaucoup de moi, concrètement, et laissait ça à sa compagne, Bambou, il m'a donné des repères très nets." Sa mère, Jane Birkin, lui a donné des conseils non pas sur son travail d'actrice, mais sur le physique : "Elle m'a appris à apprivoiser les choses et je l'écoutais beaucoup, d'autant que j'étais très admirative de sa beauté." Depuis la mort de Kate, Charlotte est aujourd'hui le roc de son clan, sa mère souffrant elle d'une maladie auto-immune.
La question de la religion fait aussi surface dans cette interview, dans laquelle la comédienne se livre beaucoup de sincérité : "Ça m'intriguait. Je ne savais pas ce que c'était d'être juif. (...) Je ne savais pas si mon père était circoncis ou pas. Lui disait qu'il l'était de naissance, la vieille blague ! Il était très antireligieux. (...) Je m'appropriais la religion de façon très maladroite, je mettais des jupes, croyant que les pantalons étaient interdits. (...) Quand mon père est mort, j'ai tout envoyé baladé d'un coup. (...) Aujourd'hui, je suis contente de ma double appartenance, entre l'Angleterre anglicane et le judaïsme d'Europe de l'Est. Je suis heureuse de ne rien démêler et de transmettre ce trouble à mes enfants."
Le cinéma et Charlotte
Le cinéma lui est venu très tôt. Charlotte Gainsbourg avait 12 ans pour son premier rôle, dans Paroles et musiques d'Elie Chouraqui, mais elle sera toujours complexée par le sentiment de ne pas avoir de méthode, renforcé par le fait qu'elle était "fille de". Elle se souvient du tournage Merci la vie de Bertrand Blier : "Il m'a envoyée avec Anouk Grinberg en thalasso à Quiberon. Pour que l'on échange avant le tournage. Je me suis ennuyée à mourir ! J'avais 18 ans, je n'avais aucune envie de me faire masser. Anouk et moi ne nous parlions presque pas. Son appétit pour le travail m'a fortement intimidée. Je la voyais annoter fébrilement sur son scénario et je trouvais ça bizarre. Je ne trouvais rien à écrire. Elle a dû me prendre pour une idiote. Sur le tournage, elle a eu une histoire avec Blier et le fossé s'est encore creusé."
Les doutes de Charlotte Gainsbourg ne l'auront pas empêchée de jouer les plus grands rôles, comme celui qu'elle a endossé dans Antichrist de Lars von Trier. Elle s'est battue pour d'autres, comme celui de 21 Grammes pour lequel elle avait passé les essais enceinte jusqu'aux yeux ou Persécution de Patrice Chéreau qui ne croyait pas trop en elle, dit-elle. Elle s'est présentée à des castings comme beaucoup d'acteurs français à Hollywood, mais n'a pas été prise : The Tree of Life, The Da Vinci Code ou même Le Tour du monde en 80 jours avec Jackie Chan. Elle ajoute : "J'ai failli jouer dans Terminator [Renaissance]. J'étais choisie mais je me suis dégonflée. Le scénario était trop nul. Ils voulaient me faire signer en me promettant un meilleur rôle par la suite. Je me suis défilée et, à la place, j'ai fait le film de Lars von Trier, Antichrist." Avec lui, elle tournera ensuite dans Melancholia - sa soeur Kate l'a inspirée pour son personnage -, et Nymphomaniac. Elle va prochainement tourner un petit film indépendant aux États-Unis, avec Richard Gere, Oppenheimer Strategies.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans le magazine Télérama du 21 janvier
Charlotte Gainsbourg a quitté Paris : "Je ne pouvais plus respirer. J'espère que je saurai, un jour, regarder Paris à nouveau, sans que ça soit douloureux." Elle est donc partie aux États-Unis, où elle était apparue radieuse lors d'une soirée arty-chic à l'automne dernier. Petite, l'Amérique ne représentait rien pour elle, ses parents se nourrissaient plutôt d'influences anglaises. Elle se réjouit aujourd'hui du positivisme made in USA : "Ça ferait gerber mon père, mais ça fait du bien. Je sais que c'est factice, mais ça m'aide."
"La mélancolie tenait une grande place dans nos vies"
La mentalité dans laquelle a été élevée l'actrice et chanteuse est très éloignée de celles des Américains : "J'ai grandi avec l'idée que le malheur est séduisant. La mélancolie tenait une grande place dans nos vies. (...) Mes parents ne m'ont pas appris à vivre joyeusement." Si le spleen a marqué sa vie, elle était très libre durant son enfance : "Je mentais aux autres enfants, pour avoir l'air normale, en disant que je devais rentrer à minuit. J'ai fait mes premières tentatives de sortie en boîte de nuit vraiment tôt. À 13 ou 14 ans. Mon père avait téléphoné aux Bains Douches pour qu'on m'y interdise l'entrée. Il avait entendu dire que j'y fumais des joints. Faux. Je n'en ai jamais fumé. J'aurais bien aimé pourtant."
Avec son père, elle a regardé à 10 ans Carrie, Duel, Shining... Un papa pas comme les autres : "Même s'il ne s'occupait pas beaucoup de moi, concrètement, et laissait ça à sa compagne, Bambou, il m'a donné des repères très nets." Sa mère, Jane Birkin, lui a donné des conseils non pas sur son travail d'actrice, mais sur le physique : "Elle m'a appris à apprivoiser les choses et je l'écoutais beaucoup, d'autant que j'étais très admirative de sa beauté." Depuis la mort de Kate, Charlotte est aujourd'hui le roc de son clan, sa mère souffrant elle d'une maladie auto-immune.
La question de la religion fait aussi surface dans cette interview, dans laquelle la comédienne se livre beaucoup de sincérité : "Ça m'intriguait. Je ne savais pas ce que c'était d'être juif. (...) Je ne savais pas si mon père était circoncis ou pas. Lui disait qu'il l'était de naissance, la vieille blague ! Il était très antireligieux. (...) Je m'appropriais la religion de façon très maladroite, je mettais des jupes, croyant que les pantalons étaient interdits. (...) Quand mon père est mort, j'ai tout envoyé baladé d'un coup. (...) Aujourd'hui, je suis contente de ma double appartenance, entre l'Angleterre anglicane et le judaïsme d'Europe de l'Est. Je suis heureuse de ne rien démêler et de transmettre ce trouble à mes enfants."
Le cinéma et Charlotte
Le cinéma lui est venu très tôt. Charlotte Gainsbourg avait 12 ans pour son premier rôle, dans Paroles et musiques d'Elie Chouraqui, mais elle sera toujours complexée par le sentiment de ne pas avoir de méthode, renforcé par le fait qu'elle était "fille de". Elle se souvient du tournage Merci la vie de Bertrand Blier : "Il m'a envoyée avec Anouk Grinberg en thalasso à Quiberon. Pour que l'on échange avant le tournage. Je me suis ennuyée à mourir ! J'avais 18 ans, je n'avais aucune envie de me faire masser. Anouk et moi ne nous parlions presque pas. Son appétit pour le travail m'a fortement intimidée. Je la voyais annoter fébrilement sur son scénario et je trouvais ça bizarre. Je ne trouvais rien à écrire. Elle a dû me prendre pour une idiote. Sur le tournage, elle a eu une histoire avec Blier et le fossé s'est encore creusé."
Les doutes de Charlotte Gainsbourg ne l'auront pas empêchée de jouer les plus grands rôles, comme celui qu'elle a endossé dans Antichrist de Lars von Trier. Elle s'est battue pour d'autres, comme celui de 21 Grammes pour lequel elle avait passé les essais enceinte jusqu'aux yeux ou Persécution de Patrice Chéreau qui ne croyait pas trop en elle, dit-elle. Elle s'est présentée à des castings comme beaucoup d'acteurs français à Hollywood, mais n'a pas été prise : The Tree of Life, The Da Vinci Code ou même Le Tour du monde en 80 jours avec Jackie Chan. Elle ajoute : "J'ai failli jouer dans Terminator [Renaissance]. J'étais choisie mais je me suis dégonflée. Le scénario était trop nul. Ils voulaient me faire signer en me promettant un meilleur rôle par la suite. Je me suis défilée et, à la place, j'ai fait le film de Lars von Trier, Antichrist." Avec lui, elle tournera ensuite dans Melancholia - sa soeur Kate l'a inspirée pour son personnage -, et Nymphomaniac. Elle va prochainement tourner un petit film indépendant aux États-Unis, avec Richard Gere, Oppenheimer Strategies.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans le magazine Télérama du 21 janvier