Le Britannique Christian Bale est un acteur depuis longtemps adopté aux Etats-Unis. Il vient d'ailleurs d'être récompensé par l'Oscar du meilleur second rôle masculin pour sa prestation remarquable dans Fighter de David O. Russell. Il y joue le demi-frère et entraîneur du boxeur Micky Ward, interprété par Mark Wahlberg. Avec deux Oscars (Melissa Leo a obtenu celui de meilleure actrice dans un second rôle), l'oeuvre se démarque et Christian Bale n'est pas étranger à cette réussite. Son incroyable faculté (et son apparente facilité) à changer de costume comme de performance est bluffante : petite rétrospective d'un acteur caméléon.
Un destin tout tracé
Les déguisements, Christian Bale connaît. S'il a débuté sa carrière tout jeune, il n'a jamais été cantonné à un type de rôle particulier : jeune frère d'Anastacia et fils du Tsar Nicolas II dans la Russie du début du XXème siècle (Anastacia : The Mystery of Anna, 1986) ou dans un Spielberg en jeune premier d'une famille anglaise aisée fait prisonnier par les forces japonaises durant la seconde guerre mondiale (L'Empire du soleil, 1987), l'acteur n'a déjà pas de limites. Capable de passer de Shakespeare (Henry V, 1989) aux Quatre filles du Docteur March (Little Women, 1994), il sait se fondre dans toutes les ambiances. Et comment ne pas aborder son rôle Glam Rock dans Velvet Goldmine (1998) aux côtés de Jonathan Rhys-Meyer ?
En 2000, Christian Bale obtient son premier rôle principal dans un film d'importance : American Psycho, signé Mary Harron. Musclé, littéralement sculpté, il fascine les jeunes femmes dans un corps de rêve qui sied parfaitement à son personnage, un beau et brillant serial killer. Pour préparer au mieux le personnage de Patrick Bateman, il passe des mois entre séances de bronzage et de musculation pour atteindre la "forme olympique" dont parle Bret Easton Ellis dans son oeuvre.
Un véritable choc a lieu en 2004 avec The Machinist ! Pour camper Trevor Reznik, un insomniaque au physique cadavérique, Christian Bale puise au fond de lui l'énergie pour se métamorphoser, et passer du bel éphèbe musclé au pauvre conducteur de machine à la maigreur maladive. Il obtient ce résultat probant grâce à un régime à base de pommes, de salades, de lait écrémé, de cigarettes, de chewing-gums et de café. Il perd au final 27 kilos en quelques mois pour atteindre les 55 kilos au moment du tournage. L'oeuvre de Brad Anderson lui permet ainsi de continuer son évolution.
Batman en chair, en os et en voix
Moins d'un an après cette édifiante métamorphose, il en réalise une seconde. Retenu pour jouer Bruce Wayne dans Batman Begins de Christopher Nolan, Christian Bale reprend du poids plus quinze kilos de muscles en six mois grâce à un coach personnel ! Malheureusement, comme il le concède lui-même, il n'arrive pas à retrouver les muscles parfaits qu'il exhibait dans American Psycho : "J'ai du prendre ce poids très rapidement et cela n'est pas très sain. De plus, cela provoque chez moi de la mauvaise humeur " déclarait en 2005 l'acteur sur le site People. Pourtant, le réalisateur le juge trop imposant et l'oblige à reperdre du poids. Juste avant le début du tournage, l'acteur ne pèse plus que 85 kilos !
Convaincant, il est retenu pour continuer dans la peau de Bruce Wayne. Pour Dark Knight (2008), il apprend la méthode de combat keysi et effectue la plupart de ses cascades, mais sa performance est éclipsée par le personnage troublant et lunaire d'un Joker plus vrai que nature, joué par le regretté Heath Ledger. Alors, comment rebondira t-il pour le prochain volet, The Dark Knight Rises, attendu pour 2012 ?
L'acteur multi-facettes a qui plus est un réel don pour les accents. La légende veut qu'il n'ait jamais utilisé son accent " british " pour un film américain. Le fait d'avoir passé son enfance entre le Royaume-Uni, le Portugal et la Californie n'y est sûrement pas étranger. Par exemple, durant la promotion des films Batman, icône étatsunienne par excellence, il s'efforce de parler avec une intonation américaine pour ne pas "choquer" les fans. Parfois, ne pas manier parfaitement la langue de Shakespeare est une preuve de goût, et Bale ne s'y trompe pas.
Enfin, pour Fighter (2011), rebelote : l'acteur, qui incarne une ancienne gloire de la boxe passé ensuite par la drogue et la prison, a perdu énormément de poids (28 kg) afin de rentrer dans la peau de son personnage. Et le résultat est là, avec un Oscar à la clé qu'il a obtenu le 25 février, posant fièrement avec son trophée et... une barbe bien fournie ! A 37 ans, le Britannique est donc au sommet de son art. Et l'on attend avec impatience de le revoir sur les grands écrans. En 2012, il reprendra son rôle de vengeur masqué. Avec, à nouveau, des kilos en plus. Christian Bale, qu'on se le dise, est un acteur qui ne semble jamais en surrégime. Pourvu que cela dure !
Clément Razgallah