Jeudi 12 mai, Christine Ockrent était entendue par les députés de la mission d'information commune sur la mise en oeuvre de la réforme de l'AEF. La numéro 2 de l'Audiovisuel Extérieur de la France, en plein conflit avec le PDG, Alain de Pouzilhac, martelait alors : "Pas question que je démissionne." Dans une interview publiée hier soir sur le site du Figaro, la directrice générale de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF) déclare : "Je ne démissionne pas. Rien ni personne ne peut m'y contraindre. Je prends acte de ma révocation déguisée et sans motif." En attendant, le résultat est là : Christine Ockrent claque la porte.
Meurtrie, celle qui s'est toujours posée comme "victime" dans ce conflit au sein de l'AEF, qui chapeaute France 24, RFI et une partie de TV5, s'en va, comme le relate ce matin Le Parisien. Après une situation de crise qui a duré plus de neuf mois, elle assure ne pas craquer mais a simplement décidé "d'en finir avec la situation insupportable et totalement figée dans laquelle" elle se trouve "du fait de la passivité du PDG de l'Audiovisuel extérieur de la France".
Son honneur a été sali tout comme sa réputation, dit-elle. Cela fait depuis mars que la journaliste n'a pas mis les pieds au bureau. Isolée, elle confie : "j'éprouve aujourd'hui une souffrance que je n'avais jamais expérimentée. Celle d'être isolée, totalement empêchée d'exercer mes fonctions et et d'être payée à ne rien faire (si elle s'en rend compte, c'est plutôt bien ! ndlr) depuis des mois." C'est pour toutes ces raisons que la compagne de Bernard Kouchner - dont le fils Alexandre, 25 ans, s'apprête à exploser sur les planches - a décidé de se retirer afin de retrouver une certaine "liberté d'action".
La journaliste qui avait porté plainte contre X pour le harcèlement moral dont elle se dit victime au sein de l'AEF, ne retire en aucun cas cette dernière : "Je maintiens toujours mes plaintes." Et en plus de cette enquête du parquet de Nanterre qui avait donné lieu, il y a quelques semaines, à une perquisition, exceptionnelle par les moyens déployés, des bureaux d'Alain de Pouzilhac et Jean Lesieur, directeur de la rédaction de France 24, Christine Ockrent passe à une autre phase judiciaire. Elle annonce ainsi qu'elle a saisi le Tribunal de commerce de Paris dans le but d'établir le préjudice et les dommages qu'elle subit depuis des mois.
En décembre, les salariés de France 24 avaient voté une motion de défiance contre elle. Hier, mercredi 25 mai, une partie des salariés de RFI, à l'appel de l'intersyndicale, a voté une motion de défiance contre Alain de Pouzilhac.
Rappelons que l'AEF avait été beaucoup secoué par une affaire d'espionnage. L'enquête a été reprise par la juge d'instruction Françoise Mery-Dujardin, saisie après la plainte (avec constitution de partie civile) déposée par l'AEF. Les principaux "suspects" sont une proche collaboratrice, Candice Marchal, et un "ami" d'Ockrent, Thibault de Robert, qui viendrait de passer aux aveux. Ont-ils espionné la direction de France 24 pour le compte de Christine Ockrent ? Certains le pensent. À l'enquête de le prouver. Christine Ockrent, elle, continue de clamer son innocence. Tous ces protagonistes "mis en cause" (Ockrent, Marchal et de Robert) restent innocents des faits reprochés jusqu'à condamnation définitive...
Aujourd'hui, Christine Ockrent quitte la structure prenant acte de son impossibilité à exercer son mandat social de numéro deux de l'AEF. Mais sortie broyée et lessivée de ces terribles mois, la gué-guerre est terminée mais Christine, elle, n'a pas dit son dernier mot.
Chloé Breen