L'enquête sur l'affaire d'espionnage qui secoue France 24 se poursuit dirigée maintenant par la juge d'instruction, Françoise Mery-Dujardin, saisie après la plainte (avec constitution de partie civile) déposée par l'Audiovisuel Extérieur de la France, holding qui chapeaute France 24, RFI et une partie de TV5.
Selon une information du blog de Renaud Revel sur lexpress.fr parue ce jeudi, le rapport de la BEFTI (brigade d'enquêtes sur les fraudes aux technologies de l'information) a bel et bien retrouvé les traces du piratage informatique dont les douze dirigeants de l'AEF ont fait l'objet. Ce mercredi, toujours selon Renaud Revel, les policiers ont acquis la certitude que des informations confidentielles contenues dans les ordinateurs de la direction générale de la chaîne ont été transmises, par voie de mail, à la collaboratrice de Christine Ockrent, Candice Marchal. Ockrent étant la numéro 2 de l'AEF et Candice Marchal, son bras droit, cette dernière est "soupçonnée" d'avoir espionné sa direction pour le compte d'Ockrent. Elle avait été mise en garde à vue.
Les enquêteurs ont cette certitude depuis l'audition de Thibault de Robert, informaticien et prestataire en charge de la sécurité des réseaux informatiques de l'AEF. C'est lui qui aurait fourni les codes d'accès à Candice Marchal. Thibault de Robert est également un ami de longue date du couple formé par Christine Ockrent et Bernard Kouchner. Thibault de Robert serait passé aux aveux après une récente perquisition au siège de l'AEF. Il aurait reconnu avoir "siphonné ces données confidentielles", écrit lexpress.fr. Ces informations auraient atterri entre les mains de Candice Marchal mais également entre celles de Vincent Giret, ancien directeur de la rédaction de France 24 recruté par Ockrent (et liquidé entre temps) qui en aurait pris connaissance...
Dans une longue interview accordée à Libération en décembre 2010, Candice Marchal insiste : "Je n'ai pas espionné les ordinateurs de l'AEF et certainement pas pour le compte de Christine Ockrent." L'intéressée nie toute implication dans cette affaire.
Bien entendu, Candice Marchal, Thibault de Robert, Vincent Giret et Christine Ockrent restent innocents des faits qui pourraient leur être reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.
Cette enquête se poursuit et elle n'est pas la seule à secouer la bâtisse. En guerre contre le numéro 1 de l'AEF, Alain de Pouzilhac, Ockrent a porté plainte contre X pour harcèlement. Mardi 3 mai, le parquet de Nanterre lançait une opération d'envergure pour perquisitionner les bureaux de Pouzilhac et son domicile (idem pour Jean Lesieur, nouveau directeur de la rédaction de France 24). Près de 45 policiers ont été dépêchés sur place dans un déploiement de moyens qui n'a pas manqué de faire grincer des dents. "Mépris ? Intimidation ? Humiliation ?", l'intersyndicale d'AEF estime qu'il s'agit d'une "provocation humiliante" orchestrée par "l'absente directrice déléguée de l'AEF", à savoir Christine Ockrent. Les syndicats ont donc appelé à une grève générale jeudi 12 mai pendant 24 heures.
Demain, jeudi 12 mai, sera justement entendue Christine Ockrent par la mission d'information commune sur la mise en oeuvre de la réforme de l'AEF selon la lettre d'information de l'Assemblée nationale. Cette mission d'information a débuté ses auditions en mars pour faire le point sur la réforme de l'AEF qui prévoit notamment la fusion de RFI et France 24. Il s'agira également d'éclaircir "les dysfonctionnements" qui empoisonnent la structure.
On n'est pas rendus !