Le feuilleton politico-médiatico-judiciaire se poursuit au sein de l'Audiovisuel extérieur de la France (AEF). On apprend, vendredi, que Christine Ockrent, numéro 2 de la holding qui chapeaute France 24, RFI et une partie de TV5, sera auditionnée le 12 mai par la mission d'information commune sur la mise en oeuvre de la réforme de l'AEF, selon la lettre d'information de l'Assemblée nationale.
Cette mission d'information a débuté ses auditions en mars pour faire le point sur la réforme de l'AEF qui prévoit notamment la fusion de RFI et France 24. Il s'agira également d'éclaircir "les dysfonctionnements" qui empoisonne la structure. Et les problèmes sont nombreux au sein de l'AEF secoué depuis plusieurs mois par une affaire d'espionnage pour laquelle la structure s'est constitué partie civile et dont la juge d'instruction Françoise Mery-Dujardin vient d'hériter du dossier et va donc de reprendre l'enquête. Selon une information du site LePoint.fr parue jeudi, le rapport de la BEFTI (brigade d'enquêtes sur les fraudes aux technologies de l'information) a bel et bien retrouvé les traces du piratage informatique dont les douze dirigeants de l'AEF ont fait l'objet.
Il y a également cette guerre froide (glaciale même !) entre le numéro 1, Alain de Pouzilhac, et Christine Ockrent. La journaliste a pris les devants en portant plainte contre X pour harcèlement moral, fin mars. Sa plainte de 25 pages désigne clairement Alain de Pouzilhac, même s'il n'est pas explicitement cité dans le document. Mardi matin, les policiers de la BPRP (brigade de répression de la délinquance contre la personne) ont investi le siège de France 24 pour perquisitionner les bureaux d'Alain de Pouzilhac et de Jean Lesieur, patron de la rédaction. Ce ne sont pas moins de 45 policiers qui ont été mobilisés pour cette opération d'envergure, tout à fait disproportionnée ? Maître Olivier Metzner représentant Alan de Pouzilhac s'est dit "très choqué par ce déferlement policier invraisemblable"... Les domiciles de Pouzilhac et Jean Lesieur ont également été passés au peigne fin par les policiers dans l'espoir de trouver des preuves d'un harcèlement contre Christine Ockrent. On peut légitimement s'étonner qu'une plainte pour harcèlement moral soit plus vite prise en compte qu'un pirate informatique...
Enfin, Matignon s'invite (à pas feutrés !) à cette triste fête en se donnant les moyens de trancher dans ce conflit : qui d'Alain de Pouzilhac ou de Christine Ockrent est responsable des dépassements budgétaires de France 24 ? Pour le savoir, le Premier ministre a déclenché, début mars, une enquête de l'Inspection générale des finances (IGF) sur les comptes de l'AEF.
Jeudi, Christine Ockrent qui n'a, dit-on, plus mis les pieds dans les bureaux de France 24 depuis des semaines tout en continuant à toucher un confortable salaire, assistait en famille au dernier hommage rendu à l'actrice Marie-France Pisier, tragiquement disparue dans la nuit du 23 au 24 avril. La journaliste était accompagnée de son compagnon Bernard Kouchner - ancien beau-frère de l'actrice défunte - et de leur fils Alexandre.