On le sait, les plus tristes circonstances sont souvent les plus à même de réunir les familles disloquées... Disparue dans sa centième année le 28 mars dernier, Alicia de Bourbon-Parme recevait jeudi 11 mai 2017 un hommage solennel en la chapelle royale du palais d'Orient, à Madrid : une messe de funérailles à laquelle, contre toute attente, l'infante Cristina d'Espagne assistait.
Contrainte à vivre en exil en Suisse après l'éclatement de l'affaire Noos dans laquelle son époux et elle-même ont été mis en examen et jugés, la fille cadette du roi Juan Carlos et de la reine Sofia avait fait le déplacement seule depuis Genève, où elle réside depuis 2013 avec son mari Iñaki Urdangarin et leurs quatre enfants. Relaxée au mois de février, Cristina, 51 ans, n'est pas encore soulagée pour autant : condamné en première instance à six ans et trois mois de prison (ainsi qu'au versement de 512 553 euros) pour détournement de fonds, malversation, fraude fiscale, trafic d'influence, escroquerie et blanchiment d'argent, Iñaki Urdangarin s'est pourvu en appel et vit, dans l'attente de l'étude de ce recours, en liberté provisoire avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête – et un contrôle judiciaire à respecter.
Absente fin mars des obsèques d'Alicia de Bourbon-Parme, Cristina d'Espagne ne voulait de toute évidence pas manquer cette cérémonie du souvenir... et l'occasion de retrouvailles en Espagne avec sa famille, pour la première fois depuis son acquittement : son père le roi Juan Carlos a d'ailleurs semblé surpris, en pénétrant dans la chapelle royale en avant-dernier avec la reine Sofia (protocole oblige, le couple royal arrivait en dernier), de l'y trouver, installée au premier rang entre sa soeur aînée l'infante Elena et sa tante l'infante Pilar. Les images tournées par l'hebdomadaire Hola! figurent une Cristina prête à se contenter stoïquement d'un sourire, d'un signe de tête et d'un baiser envoyé de la main, mais l'ancien souverain n'hésite pas et se déplace jusqu'à elle pour l'embrasser chaleureusement. Émouvant...
Quelques instants plus tard, le roi Felipe VI et la reine Letizia, qui prenait part plus tôt dans la journée à un événement dans le cadre de la Journée mondiale de la Croix Rouge, faisaient leur entrée et allaient solennellement prendre place sous le dais, sans un regard pour l'infante, qui ne fait plus partie de la famille royale (réduite par l'actuel souverain au couple royal, à ses filles et à ses parents) et destituée par son frère de son titre de duchesse de Palma de Majorque. Nul doute qu'en privé, à l'abri des caméras, Felipe aura lui aussi profité de la présence de sa soeur.
Très proche des Bourbon-Siciles, Cristina d'Espagne retrouvait également à l'occasion de cet hommage sa cousine Cristina, avec qui elle avait "passé la semaine sainte en famille, avec maris et enfants, à La Toledana, la propriété familiale des Bourbon-Siciles", ainsi que le fait remarquer le magazine Point de Vue, dans son numéro en kiosques cette semaine.
Tante par alliance de l'ancien souverain, Alicia de Bourbon-Parme s'est éteinte le 28 mars 2017 à l'âge de 99 ans. Née à Vienne le 13 novembre 1917, fille d'Élie de Bourbon-Parme, duc de Parme et de Plaisance, et de l'archiduchesse Marie-Anne d'Autriche, princesse de Teschen, elle avait épousé en 1936 l'infant Alfonso de Bourbon-Siciles (décédé en 1964), oncle maternel de Juan Carlos, et avait pris la nationalité espagnole (avant d'être faite infante d'Espagne en 1960). De leur mariage sont nés trois enfants, l'infant Carlos de Bourbon-Parme, prince des Deux-Siciles, duc de Calabre et chef de la maison royale des Deux-Siciles jusqu'à sa mort en 2015, et les princesses Teresa (80 ans) et Inés (77 ans). La princesse Alicia a été incinérée et ses cendres devaient être rapatriées en Autriche, son pays natal. En tant qu'infante d'Espagne, la défunte aurait pu reposer au monastère royal de l'Escurial, à l'instar de son fils Don Carlos, mais rejoindra le caveau familial dans sa ville d'origine, conformément à ses dernières volontés.