Le verdict est enfin tombé. Mardi 29 septembre 2020, le Conseil d'État a rejeté la demande d'annulation d'une amende de 3 millions d'euros prononcée par le CSA à l'encontre de C8, après un canular jugé homophobe datant de 2017, lors du prime TPMP ! Radio Baba présenté par Cyril Hanouna.
Le groupe Canal+ et C8 avaient en effet demandé au Conseil d'État "d'annuler la décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) du 3 avril 2019", qui avait refusé de retirer "une sanction pécuniaire de 3 millions d'euros". Une demande rejetée. Pour justifier sa décision, le Conseil d'État a expliqué que dans la fameuse émission du 18 mai 2017, Cyril Hanouna "incitait des personnes contactées par téléphone à tenir des propos d'une crudité appuyée dévoilant leur intimité et exposant leur vie privée, alors même qu'elles ne pouvaient imaginer que leurs propos seraient diffusés lors d'une émission publique".
À la suite de la diffusion de ladite séquence, une personne avait soutenu que son passage à l'antenne avait eu de très graves conséquences sur sa vie privée. Un récit démenti quelques mois plus tard. C8 et Canal+ avaient donc demandé au CSA de retirer sa sanction. Mais le Conseil d'État a rappelé que, bien que le témoignage ait été "inexact","il résulte de l'instruction que la sanction prononcée par le CSA ne reposait que sur le contenu de cette émission, et non sur ses conséquences supposées". Les sociétés requérantes "ne sont, ainsi, pas fondées à demander l'annulation de la décision qu'elles attaquent". Contacté par Le Parisien, le groupe Canal+ n'a pas souhaité faire de commentaire.
Rappelons que le 18 mai 2017, Cyril Hanouna avait choqué de nombreux téléspectateurs lors de son prime time intitulé TPMP ! Radio Baba en réalisant un canular téléphonique pour lequel il s'était fait passer pour un homosexuel à la recherche de l'amour. Il avait téléphoné en direct à des gays séduits par sa fausse annonce coquine publiée sur un site de rencontres. Plus de 47 000 plaintes avaient été déposées auprès du CSA après la diffusion. "Le CSA a estimé qu'en diffusant cette séquence, la société C8 a gravement méconnu le principe de respect de la vie privée, ainsi que son obligation de lutter contre les discriminations", écrivait le CSA dans un communiqué.
Si le CSA a remporté cette bataille, il avait perdu celle qui l'opposait à la chaîne concernant le canular impliquant Matthieu Delormeau, en 2016.Cyril Hanouna avait fait croire au chroniqueur qu'il était complice d'un meurtre. Une séquence qui avait choqué. "Le Conseil d'État a estimé, contrairement au CSA, qu'eu égard au comportement du chroniqueur tout au long de la séquence, ce dernier n'avait pas été montré sous un jour dégradant, humiliant ou attentatoire à sa dignité", avait précisé le gendarme de l'audiovisuel qui avait privé C8 de publicités pendant une semaine. Mais il y a un an, le CSA a dû indemniser C8 à hauteur de 1,1 million d'euros après l'annulation de cette sanction.