Le Dakar a pris son envol dimanche 1er janvier depuis Mar del Plata en Argentine pour rejoindre Lima au Pérou. Et comme chaque année, la légendaire course va proposer son lot de dunes, d'étendues désertiques, d'étapes marathons, d'émotions mais également de drames.
Et de drame, il en a été question dès le premier jour, avec la mort d'un pilote argentin en course... suivi d'un grave accident le lendemain pour la seconde étape, avec un motard victime d'un accident surréaliste. Course réputée difficile, professionnels et amateurs s'y mêlent et galèrent tout au long des 15 jours de course.
Parmi les concurrents, un petit bout de femme fait parler d'elle. Son nom, Isabelle Patissier. Elle possède la particularité d'être la seule femme pilote dans la catégorie auto. Depuis 2004 et son titre de champion du monde de rallye-raid, catégorie "promotion", la pilote écume les pistes du monde entier. Pourtant, rien ne prédestinait cette athlète à se reconvertir dans la course auto...
Ancienne championne du monde d'escalade en 1990 et 1991, la jeune escaladeuse partageait déjà sa passion pour les voitures avec ses compagnons de grimpe. Une passion mal vue dans sa famille, comme elle le confie à L'Équipe : "J'ai toujours adoré la compétition automobile, et ce n'est pourtant pas une histoire de famille car mes parents sont des écolos de la première heure, qui ne jurent que par la marche à pied ! Je suis la honte de la famille avec mon buggy !"
En admiration devant ses pilotes qui franchissaient les dunes à la télé lorsqu'elle était enfant, la jeune Isabelle Patissier savait déjà ce qu'elle ferait quand elle sera grande. Et à 44 ans, Isabelle Patissier profite bien plus de cette passion que de l'escalade quand elle était jeune. "Parfois, à vingt ans, tu es un peu con et tu ne prends pas conscience de ce que tu es en train de vivre. J'ai eu la chance de me trouver une seconde passion et, désormais, il n'y a pas un seul jour où j'ouvre les yeux sans me dire : 'Isa, tu es super privilégiée'", explique-t-elle.
Si elle est bien consciente qu'elle ne pourra jamais remporter l'épreuve mythique, elle cherche simplement à tirer le maximum d'elle-même au côté de son compagnon et co-pilote Thierry Delli Zotti. Attraction parmi les pilotes, elle explique difficilement pourquoi peu de femmes sont engagées sur la course. "Concernant le Dakar, il ne faut pas oublier que ce sont quinze jours de course, dans des conditions vraiment pas confortables. Le soir, c'est douche froide et tente sans matelas. C'est rude ! Toute la journée, tu te retrouves dans un univers de mecs et la finesse n'est pas toujours au rendez-vous mais, moi, je préfère cent fois ça à un milieu de nanas !", confie-t-elle, tout en soulignant qu'elles sont nombreuses en catégorie moto.
Isabelle Patissier apprécie particulièrement l'aventure, et le côté humain en particulier : "Une fois, nous nous sommes arrêtés pour nous rafraîchir dans une station, durant une liaison, et une vieille dame, sans rien dire, nous a déposé un paquet de bonbons sur la table. Une autre fois, en sortant du buggy, complètement repeints de poussière, un type s'est précipité pour nous offrir à boire. C'est aussi pour ces moments-là que je participe à cette course."