Prévu dans nos salles pour le 11 janvier 2017, le biopic Dalida doit faire face à ses premières critiques et attaques. Projet au long cours, le film avait mis du temps à voir le jour, comme Lisa Azuelos nous l'avait expliqué en mai dernier à Cannes. Aujourd'hui monté et prêt à sortir, le long métrage est la cible d'une attaque de Catherine Morisse, fille de Lucien Morisse (le directeur des programmes d'Europe 1 dans les années 50 et premier époux de Dalida) qui dénonce le portrait "à charge" fait de son père dans le biopic sur la chanteuse.
"Lucien Morisse, décédé en 1970, est très largement représenté dans le film Dalida. Je suis sa fille aînée, née de son premier mariage, et je tiens à faire connaître mon indignation en découvrant les contrevérités énoncées et la présentation fallacieuse qui est faite de mon père dans ce film, et ce, sans que ni les producteurs ni la réalisatrice n'aient jamais pris la peine de vérifier la moindre information", tonne Catherine Morisse en introduction.
Dans un communiqué, elle peint le portrait de son illustre père, directeur historique des programmes d'Europe 1 (1955-1970) mais aussi créateur du label Disc AZ (qui contribua à révéler par exemple Christophe ou Michel Polnareff). "Il était un professionnel unanimement respecté, exerçant des fonctions stratégiques et n'avait donc absolument pas besoin de Dalida pour subsister, comme le film le donne à supposer", explique sa fille, une productrice associée qui a notamment travaillé sur un autre très célèbre biopic de chanteuse (La Môme), mais aussi sur La French, Avis de Mistral, L'Idéal ou plus récemment La Folle Histoire de Max et Léon.
"L'image de mon père dans ce film, décrit comme un père de substitution par Orlando, est celle d'un homme qui aurait eu quasiment le double de l'âge de Dalida (l'acteur qui l'incarne à l'écran a 50 ans), poursuit-elle en pointant du doigt Jean-Paul Rouve, celui qui incarne Lucien Morisse à l'écran. Or, mon père n'est âgé que de 27 ans lorsqu'il rencontre Dalida. Ils n'ont que quatre ans de différence."
Dans sa démonstration, Catherine Morisse explique que "le personnage de Dalida reproche à [son] père de lui refuser la seule chose dont elle aurait besoin", à savoir "fonder un foyer et avoir un enfant" et que, "dans la même veine, Orlando, le frère-manager de Dalida, également coproducteur et coauteur du film, explique que sa soeur n'aurait pas tenté de se suicider si Lucien Morisse n'avait pas autant tardé à l'épouser". Pour Catherine, qui est mariée au journaliste Simon Monceau, "ces scènes travestissent la réalité". "Lucien Morisse était marié avec ma mère lorsqu'il commence sa relation avec Dalida. À l'époque on ne divorçait pas aussi facilement qu'aujourd'hui et la procédure prenait des années", justifie-t-elle
"Mon père et Dalida ne faisaient pas publiquement état de cette situation afin de protéger la réputation de cette dernière. Pourquoi présenter ainsi les faits de façon mensongère, si ce n'est pour tenter de justifier l'inconstance de Dalida quelques jours à peine après son mariage ; inconstance dont mon père qui l'aimait sincèrement a été, contrairement à ce qui est montré dans ce film, douloureusement meurtri", écrit-elle.
Pour Catherine Morisse, le biopic réalisé par l'auteure de LOL veut "nuire délibérément" à l'image de Lucien Morisse. "De même, le film montre la dernière épouse de mon père, avec laquelle il a d'ailleurs eu deux enfants, lui reprocher de prétendues difficultés financières. Qu'est-ce d'autre qu'une énième volonté de la production de nuire délibérément à son image ?", s'interroge-t-elle.
Et ce n'est pas fini ! Catherine Morisse poursuit sa diatribe en évoquant le décès de Lucien. "Enfin, fallait-il, encore, raviver ma douleur et celle de mes enfants en montrant violemment à l'écran la mort de mon père, avec notamment cette scène grotesque et totalement inventée de son sang rejaillissant sur le disque d'or de Dalida. Son décès, près de dix ans après leur séparation, n'était aucunement lié à la chanteuse. Cette suprême inélégance est ignoble et totalement gratuite", assure-t-elle.
Par conséquent, Catherine Morisse "demande que la production procède à l'adjonction d'une mention" indiquant que le biopic est une fiction. "La liberté de création ne saurait tout justifier et nul ne s'honore en blessant aussi profondément et inutilement ma famille, et en portant atteinte, par la manipulation des faits, à la mémoire de personnes disparues, y compris celle de Dalida, avec laquelle mon père était resté très ami, et qui m'a toujours témoigné une grande affection, réciproque", conclut-elle.