Les fans le savent, le grand public un peu moins, depuis l'échec commercial que fut Inland Empire, David Lynch et le septième art ne sont plus vraiment dans le cadre d'une idylle. Depuis 2006, le cinéaste américain célébré pour son univers sombre, mystérieux et onirique a multiplié les incartades au cinéma, confirmant ses talents d'artistes. Peinture, musique, la publicité ou encore le design ont fait appel ou bénéficié de ses services.
À l'instar de George Lucas et Steven Spielberg, qui livraient il y a quelques semaines un avenir sombre au cinéma pour lequel ils prévoient une "implosion", David Lynch n'est guère plus optimiste. Interrogé par The Independent, le cinéaste à qui l'on doit Elephant Man ou Mulholland Drive évoque un "tableau très déprimant", surtout le concernant. "Je n'ai pas la moindre idée de ce que je pourrai faire dans le monde du cinéma", assène l'artiste de 67 ans que l'on n'a pas vu derrière une caméra, dans le cadre d'un long-métrage, depuis 2006 justement. "Donc je ne sais pas de quoi mon futur sera fait", rajoute-t-il.
Pour lui, c'est la mutation qu'a connue le cinéma, lequel fonctionne plus aujourd'hui aux obligations commerciales qu'à un souci de créativité, qui pose problème. L'artiste américain ne s'en cache pas, ses "idées ne sont pas ce qu'on peut appeler commerciales et l'argent mène la barque ces derniers temps". Au-delà de cet état de fait que l'on peut deviner, David Lynch garde un avis engagé : "Pour le cinéma alternatif - toute sorte de cinéma qui sort de l'ordinaire - vous avez peu de chances d'obtenir une place dans les cinémas et des gens qui viennent voir votre film. Même si j'avais une grande idée, le monde est très différent aujourd'hui."
Refusant la cause mercantiliste où le billet vert est roi, David Lynch se désole également dans conditions dans lesquelles un film peut être vu : "Si vous avez la chance de pouvoir pénétrer dans un autre monde, vous avez besoin d'un grand écran dans une pièce sombre avec du son de bonne qualité. C'est une expérience spirituelle, magique. Si vous regardez le même film sur un petit écran d'ordinateur avec du mauvais son – c'est ainsi que les gens regardent les films aujourd'hui – c'est une honte." Comme Spielberg (qui a produit de nombreuses séries), David Lynch apprécie ce que la télévision peut proposer aux artistes, assurant que "la télévision est plus intéressante que le cinéma désormais". "C'est comme si le cinéma d'art et d'essai était passé sur le câble", assure l'auteur d'une des séries cultes des années 1990, Twin Peaks.
En attendant un éventuel retour sur le petit écran, David Lynch a dévoilé un second extrait de son album electro Big Dream, avec l'élégiaque Are You Sure. Deuxième album du nom, Big Dream doit sortir le 15 juillet prochain.