En sélectionnant Les Adieux à la reine en film d'ouverture, le Festival de Berlin se paye le luxe d'un trio de charme mené par la superbe Diane Kruger, l'envoûtante Léa Seydoux et la lumineuse Virginie Ledoyen. À quelques heures de la projection du film d'époque, les trois actrices se sont retrouvées pour lancer le festival, illuminées par les flashs des photographes.
Six ans après la relecture pop et acidulée de Sofia Coppola avec Kirsten Dunst, Benoît Jacquot replonge dans la vie de Marie-Antoinette, le temps de quelques jours chaotiques - entre le 14 juillet 1789, jour de prise de la Bastille, et le 16 juillet. Le réalisateur explique dans les pages du Figaro : "Versailles vit dans un nuage mais tout se fissure à partir du 15 juillet. (...) Un vent de panique s'empare des habitants du château qui vivent en vase clos. (...) Le navire coule. Tout le monde cherche à fuir. C'est le Titanic !"
Les Adieux à la reine s'intéresse particulièrement à Sidonie, la seconde lectrice de Marie-Antoinette (Diane Kruger) jouée par Léa Seydoux. Naïve et rêveuse, la jeune femme est amoureuse de la reine, elle-même fascinée par la duchesse de Polignac (Virginie Ledoyen). Un triangle amoureux qui permet à Benoît Jacquot de retrouver le terrain sulfureux qui lui est cher, de L'Ecole de la chair à Sade : "Il me paraît logique et pas du tout invraisemblable que Marie-Antoinette, mariée à un très brave homme s'intéressant plus à la chasse et la serrurerie qu'à son corps, ait trouvé des satisfactions érotiques avec des princesses dont elle s'entichait."
Il y a quelques mois, Diane Kruger - remplaçante d'Eva Green - décrivait le tournage éprouvant du film historique : "Cela a été terrible. Marie-Antoinette telle que Benoît Jacquot la perçoit est limite folle. Elle est à vif en permanence. Une scène, je devais être loufoque, superficielle, ignorante ; celle d'après, trahie, blessée, enragée..." Le réalisateur confirme dans le quotidien : "Au cours de son existence, elle est passée à travers différents états comme si elle était constituée de personnes radicalement différentes. Il y a le temps de l'innocence, de la frivolité, du libertinage, des caprices, de l'hystérie et, à la fin, de la grande noblesse d'une reine. Et toutes ces étapes successives sont réunies ici dans une sortie de météorologie d'affects, bourrée de turbulences."
Son dernier film, Au fond des bois, est passé inaperçu en octobre 2010, mais Benoît Jacquot tenait à tourner Les Adieux à la reine dans le château de Versailles, comme Sofia Coppola : "Cela a nécessité un budget pharaonique mais sans Versailles, que je considère comme mon personnage masculin principal, je n'aurais jamais fait ce film !"
Les Adieux à la reine, adapté du roman de Chantal Thomas, sortira le 21 mars.
Le Festival de Berlin se déroulera du 9 au 19 février.