A peine dix ans ont passé depuis que son ex-mari Guillaume Canet l'a révélée dans Mon idole, et Diane Kruger est aujourd'hui une actrice internationale dont le nom est murmuré pour la plupart des rôles en vogue.
Consacrée en beauté diaphane dans Troie aux côtés de Brad Pitt, l'actrice allemande alterne depuis les grosses productions avec des films indépendants, tourne en trois langues et enchaîne les projets à une vitesse étourdissante. Entre deux avions - elle tourne actuellement au Kenya Fly me to the moon, la nouvelle comédie du réalisateur de L'arnacoeur avec Dany Boon - la comédienne assure la promotion de Forces Spéciales, de Stéphane Rybojad. Elle y joue une journaliste kidnappée par des talibans et secourue par une unité de l'armée dans les montagnes de de l'Afghanistan. Un film spectaculaire et une expérience de tournage éprouvante.
"Ca a commencé fort au Tadjikistan : après huit heures de vol, on a enchaîné avec dix-neuf heures de route pour rejoindre l'Himalaya, à 1 500 mètres d'altitude. Là, on a dormi dans des yourtes pendant six semaines. Puis on est parti tourner les scènes de désert à Djibouti, où il faisait 45 °C à l'ombre. On a fini à Chamonix. C'est ce qui a été le plus difficile : on tournait tout en haut du Mont Blanc, par -28 °C, et en T-shirt."
Difficile de ne pas être impressionné par ce petit bout de femme glamour, qui a ensuite remplacé au pied levé Eva Green dans le rôle de Marie-Antoinette pour Les adieux à la Reine, de Benoît Jacquot : "Cela a été terrible. Marie-Antoinette telle que Benoît Jacquot la perçoit, est limite folle. Elle est à vif en permanence. Une scène, je devais être loufoque, superficielle, ignorante ; celle d'après, trahie, blessée, enragée... Avec en plus, l'exercice de cette langue, le français du XVIIIème siècle, et des textes tellement longs..."
Un rôle qui fera sans aucun doute parler d'elle dans les mois à venir, et dans lequel est s'est retrouvée : "Marie-Antoinette est arrivée en France très jeune et très joyeuse. Et brutalement, elle se retrouve dans un monde d'adulte avec cette langue étrangère, ces codes qu'on lui impose. Je suis arrivée en France à 15 ans moi aussi, j'étais vraiment une enfant dans ma tête. Le monde du mannequinat, c'était violent."
Pas de doute, Diane Kruger n'a pas peur des défis. Mieux : elle court après. Le tournage de Frankie, sur un jeune mannequin dépressif, s'est étalé sur trois ans, obligeant l'actrice à jongler entre les grosses productions américaines et ce projet plus intimiste : "Quand j'étais jeune, j'étais très 'actrice'. Je me disais : je suis différente, je suis sur le fil. Et puis, il y a eu Frankie. Tourner dans un hôpital psychiatrique, ça remet les choses à leur place. Après, je ne pouvais plus faire ma star borderline, cela aurait été indécent."
Une vie partagée entre Hollywood, Paris et Vancouver - où vit son petit ami, Joshua Jackson - environ deux films par an et pas mal de tournages épuisants : Diane Kruger serait-elle indestructible ? "Je me sens tout à fait capable de me défendre, de faire face, mais parfois, j'ai envie de tout lâcher, de m'asseoir par terre et dire 'Eh là, j'en peux plus au secours !'"
La belle Diane Kruger se dit de nature mélancolique, mais reste une dure à cuire : "Un jour, j'étais en voiture et un type a cassé la vitre pour voler mon sac. Je l'ai agrippé de toutes mes forces, il tirait, moi aussi. Il m'a dit : 'Si tu lâches pas, je te bute'. Eh bien, je n'ai pas lâché. Finalement, c'est la chaîne qui a rompu. Mais pas moi."
Son parcours étonnant est à l'image de son caractère de fer. Enfant, une blessure brise ses espoirs de devenir danseuse, et une fois mannequin, elle est repérée par Luc Besson dans les pages d'un magazine. C'est le réalisateur français qui lui glisse l'idée de devenir actrice, et c'est Romy Schneider qui lui prouve qu'on peut tourner en français avec un accent étranger.
Mais à 35 ans, elle ne rêve plus sa vie, elle l'explore : "Aujourd'hui, je préfère vivre des choses extrêmes dans ma vie. J'ai enfin compris que la vie était plus intéressante que le cinéma." Dans l'un ou dans l'autre, Diane Kruger sait ce qu'elle veut.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Grazia du 14 octobre