C'est une personnalité politique et médiatique particulièrement appréciée qui vient de s'éteindre... À 66 ans, Dominique Baudis est mort ce matin, jeudi 10 avril, à l'hôpital du Val-de-grâce à Paris, succombant à un cancer généralisé, comme l'annonce l'AFP. L'ancien maire de Toulouse et président du CSA laissera l'image d'un homme au parcours brillant mais meurtri par la calomnie durant la tristement célèbre affaire Alègre, en 2003.
Né à Paris en 1947 et diplômé de Sciences-Po, Dominique Baudis fait d'abord une belle carrière de journaliste. Il débute comme correspondant de l'ORTF puis de TF1 au Proche-Orient en 1971 et sera blessé à Beyrouth lors de la guerre du Liban. Revenu à Paris, il marque les téléspectateurs en tant que présentateur du JT de TF1 jusqu'en 1980 et de celui de France 3 pendant deux ans.
La carrière de Dominique Baudis prend alors un nouveau tournant cette année-là lorsqu'il renonce à la télé pour se lancer en politique. Le journaliste devient en effet maire de Toulouse, succédant à son père Pierre, édile de la ville rose depuis 1971. Son ascension sera alors rapide, il entre au Parlement européen un an plus tard, au conseil régional Midi-Pyrénées et à l'Assemblée nationale pour un mandat reconduit en 1988, 1993 et 1997, sous l'étiquette UDF. Particulièrement attaché à Toulouse, il refuse toutefois d'être ministre afin de pouvoir se consacrer pleinement à sa ville.
L'autre moment fort de la carrière de Dominique Baudis, c'est sa nomination en 2001 par Jacques Chirac à la tête du CSA, qui l'oblige à renoncer à ses mandats. Un passage chez les Gendarmes de l'audiovisuel durant lequel il s'emploie tout particulièrement à lancer la TNT, en 2005. Mais alors qu'il est président du CSA, il subit sûrement la plus douloureuse épreuve de sa vie. En 2003, il est en effet mis en cause par des prostituées de Toulouse dans l'affaire du tueur en série Patrice Alègre et se retrouve accusé de proxénétisme, viol, meurtre et actes de barbarie.
Courageusement, Dominique Baudis décide alors de révéler publiquement qu'il est cité dans l'affaire au JT de 20h de Claire Chazal, sur TF1. Une séquence particulièrement forte puisque, le front perlé de sueur et visiblement très affecté, il dénonce avec véhémence cette "saloperie". Innocenté deux ans plus tard seulement par la justice, il évoquera son calvaire dans un livre intitulé Face à la calomnie.
C'est toutefois très marqué par cet épisode que Dominique Baudis poursuit sa carrière. Il sera nommé à la présidence de l'Institut du monde arabe (IMA) en 2007 après avoir mis en avant son expérience au Proche-Orient, sur laquelle il a écrit plusieurs ouvrages, puis retrouve un mandat de député européen en 2009, élu tête de liste UMP dans le Sud-Ouest. Deux ans plus tard, il est nommé par Nicolas Sarkozy Défenseur des droits pour six ans.
Côté privée, Dominique Baudis laisse derrière lui trois enfants, Pierre et Benjamin, nés de son union avec sa seconde femme en 1988, la journaliste et écrivain franco-algérienne Ysabel Saïah-Baudis, et Florence, fruit d'un précédent amour, qui s'était engagée en politique à Toulouse sur ses traces.