Une force de la nature, c'est ainsi que peut être qualifiée Dominique Bertinotti, ministre déléguée auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, chargée de la Famille. En effet, la femme politique de 59 ans est atteinte d'un cancer du sein, selon une information révélée par le journal Le Monde, ce vendredi 22 novembre 2013. Discrète sur sa maladie qu'elle combat depuis huit mois, tout en assumant ses fonctions à plein temps, elle a choisi de l'évoquer "pour aider à faire évoluer le regard de la société sur cette maladie dont le nom est terriblement anxiogène".
Moins médiatique que sa consoeur Christiane Taubira (garde des Sceaux), Dominique Bertinotti a pourtant travaillé avec la même ardeur sur le projet de loi dit du Mariage pour tous, qu'elles ont défendu en coeur devant les députés et sénateurs de novembre 2012 à avril 2013 avant une validation définitive par le Conseil constitutionnel en mai 2013. À cette époque, Dominique Bertinotti est attaquée de toutes parts et doit inlassablement répondre aux mêmes questions maintes et maintes fois répétées des élus du Parlement. Une période éprouvante au cours de laquelle elle passe une banale mammographie de routine. L'examen a lieu le 22 février et les résultats ne sont pas bons... Après des analyses approfondies, le verdict tombe : elle a un cancer.
La ministre et ex-maire du 4e arrondissement de Paris a donc rendez-vous à l'Institut Curie dès le 28 pour entamer tout un protocole comprenant chimiothérapie, puis chirurgie et radiothérapie. On lui pose un cathéter le 1er mars et la première chimio commence le lendemain. Dominique Bertinotti fait face, refusant de mettre sa maladie au centre de sa vie, au point de ne pas savoir quoi faire de l'arrêt maladie qu'on lui donne. "À qui je vais donner ça ?", s'est-elle demandé. Elle finira bien par informer le président de la République François Hollande puis un peu après le premier Ministre Jean-Marc Ayrault ainsi que sa ministre de tutelle Marisol Touraine (ministre de la Santé). "Je voulais bien être une ministre malade, pas une malade ministre. C'est un tel ébranlement de vous-même... Je ne me sentais pas assez forte pour gérer en plus le regard des autres", dit-elle.
Aujourd'hui, Dominique Bertinotti porte une perruque, qu'elle s'apprête à enlever, et cela l'a logiquement beaucoup inquiétée lorsqu'elle était en déplacement ou pire, en séance de questions au gouvernement. "Vous vous levez, vous êtes filmée, il y a un public qui ne regarde que vous. On vous a répété que la perruque était très bien faite mais vous êtes sûre qu'elle va tomber. Là, je me souviens, je me suis dit : 'Reste neutre, il ne faut surtout pas que tu bouges'", raconte-t-elle. Heureusement, rien ne bouge, personne ne remarque rien, et cela soulage la ministre. Si elle a choisi de révéler son cancer et de mettre ainsi tout le monde au courant, c'est dans un but louable. "Pour montrer qu'on peut avoir un cancer et continuer une vie au travail. Pour que les employeurs comprennent que la mise en congé longue maladie n'est pas forcément la meilleure des solutions. Pour qu'il y ait moins de peur, plus de compréhension", affirme-t-elle. C'est cette semaine qu'elle entame sa dernière séance de radiothérapie.
Thomas Montet