Rentré en France depuis plusieurs semaines, après l'abandon des poursuites au pénal, Dominique Strauss-Kahn est toujours sous le coup d'une plainte du civil de Nafissatou Diallo, une femme de chambre de 32 ans qui l'accuse de l'avoir violée. Lundi, in extremis au niveau du délai, l'équipe de l'ancien ministre français contre-attaquait.
L'avocat William Taylor a demandé le classement de la plainte au civil déposée à New York au motif que DSK bénéficiait à l'époque d'une immunité judiciaire en tant que directeur général du Fonds monétaire international. L'avocat rappelle, dans un document de 25 pages, qu'en vertu du droit international, Dominique Strauss-Kahn bénéficiait d'une "totale immunité judiciaire concernant une procédure civile" au moment où la plainte a été déposée le 8 août. Cette immunité civile a perduré selon l'avocat même après sa démission du FMI le 18 mai - Une démission déposée depuis sa cellule à la prison de Rikers, quelques jours après son arrestation à l'aéroport - et jusqu'à son départ des États-Unis. Le tribunal du Bronx, qui a reçu la plainte de Nafissatou Diallo, "n'est donc pas compétent et doit la classer".
L'avocat poursuit et n'y va pas avec le dos de la cuillère en bois : "En raison de ses fausses accusations d'agression sexuelle, la capacité du FMI de jouer son rôle critique dans l'économie internationale a été affaiblie de manière significative à une époque de crise financière et d'instabilité mondiale." Christine Lagarde, nouvelle directrice du Fonds, demandera peut-être des éclaircissements sur ce point...
Les avocats de la plaignante ont immédiatement réagi et dénoncé une "tentative désespérée" de DSK "pour éviter d'avoir à répondre des actes déplorables qu'il a commis contre Mme Diallo". Selon les experts interrogés par l'AFP, Dominique Strauss-Kahn aura du mal à persuader le juge de clore le dossier sur la question de l'immunité. L'ancien ministre a réaffirmé, le 18 septembre sur TF1, qu'il ne négocierait pas avec le camp adverse. Il paraît à peu près certain qu'il ne bénéficiait d'aucune immunité diplomatique, il était à New York pour des raisons privées, il a payé lui-même sa chambre d'hôtel et lors de sa garde à vue le 14 mai, quand il a évoqué cette possibilité d'immunité, ses avocats ont immédiatement botté en touche...
En France, DSK fait face à Tristane Banon, qui l'accuse de tentative de viol. Des faits, s'ils sont avérés, qui se seraient déroulés le 11 février 2003. DSK sera confronté à son accusatrice le jeudi 29 septembre par la brigade de répression de la délinquance à la personne à la demande du procureur, afin de boucler (ou pas ?) l'enquête préliminaire. Si le parquet classe le dossier, Tristane Banon a déjà fait part de son intention de se constituer partie civile afin qu'un juge d'instruction soit nommé.
Actuellement au Maroc avec son épouse Anne Sinclair, le couple a fait une arrivée bien moins "triomphale" que celle du 4 septembre à Roissy. Le couple est arrivé le 22 septembre à l'aéroport de Marrakech, sans une horde de photographes, sans cordon de sécurité - a contrario de ce qui a été annoncé par l'AFP - et sans policiers ni dignitaires marocains. Comme deux touristes lambda, ils ont tiré leurs valises jusqu'au 4X4 qui les attendait au bout du parking... Personna "pas trop" grata au Maroc ?