Dominique Strauss-Kahn peut se réjouir d'une grande victoire dans le conflit qui l'oppose à son ex-maîtresse Marcela Iacub et son éditeur Stock. L'ancien directeur général du FMI, "horrifié" par les écrits de l'auteure dans son livre Belle et Bête, l'assignait, ainsi que son éditeur, en référé (la procédure la plus rapide) pour "atteinte à la vie privée". Si DSK n'a pas obtenu l'interdiction "à titre subsidiaire" de l'ouvrage (une mesure rarissime), la justice a ordonné mardi 26 février l'insertion avant "toute distribution" d'un encart dans chaque exemplaire du livre de Marcela Iacub sur sa liaison avec DSK.
Cette décision est plus préjudiciable qu'elle n'en a l'air pour l'éditeur. Belle et Bête de Marcela Iacub, dans lequel DSK est présenté comme une créature "mi-homme, mi-cochon", est attendu ce mercredi 27 février dans les librairies. De fait, la plupart des exemplaires du livre sont déjà entre les mains des libraires et des distributeurs (Stock avance le nombre de 40 000 exemplaires), invendables en l'état. À l'éditeur Stock de se débrouiller pour faire insérer manuellement, dans chacun des exemplaires disséminés dans toute la France, ce fameux encart. Il va falloir s'armer de patience et s'organiser.
Le texte de l'encart devra mentionner que le livre porte atteinte à la vie privée de Dominique Strauss-Kahn selon l'ordonnance consultée par l'AFP. Par ailleurs, Marcela Iacub et les éditeurs Stock ont été condamnés à verser solidairement 50 000 euros de dommages et intérêts à DSK. Les éditions Stock ont précisé qu'elles mettraient "tout en oeuvre pour faire respecter cette décision de justice" et prenaient "toutes les dispositions pour informer les libraires de la nécessité de ne pas mettre en vente cet ouvrage sans cet encart, toute demande d'achat devra être refusée et les exemplaires réservés en attendant de recevoir l'encart".
Avant même sa sortie, le livre de Marcela Iacub a fait grand bruit. L'essayiste a donné une grande interview – l'unique promettait-elle – au Nouvel Observateur qui publiait à cette occasion quelques extraits bouillants de l'ouvrage. Le Nouvel Obs a également été condamné dans cette affaire pour atteinte à la vie privée de DSK et devra lui verser la somme de 25 000 euros de dommages et intérêts. Le magazine devra publier un communiqué sur la moitié de sa une... un traitement habituellement réservé à la presse dite people ou "tabloïds" ! Laurent Joffrin vient de faire une déclaration à l'AFP "c'est une décision extravagante et injuste, injuste eu égard à la presse, car nous avons publié les bonnes feuilles d'un livre qui n'est pas interdit". Néanmoins, le nouveau numéro du Nouvel Obs, qui sera en kiosques demain, était déjà sur les rotatives cette nuit... ce communiqué qui s'appelle une "publication judiciaire" pour les tabloïds devrait apparaître sur la couverture du prochain numéro.
"Nous sommes extrêmement satisfaits que notre demande principale ait été acceptée", a déclaré à l'issue de l'audience Me Richard Malka, avocat de DSK, soulignant que Le Nouvel Observateur était condamné "comme la presse à scandale". "Cette décision met un peu d'honneur là où certains se sont abîmés dans le journalisme ou la littérature de trou de serrure", ajoute-t-il.
Si Marcela Iacub était absente de l'audience mardi, Dominique Strauss-Kahn était là pour se défendre et fustiger cet ouvrage "méprisable et mensonger", se disant "horrifié" par un procédé "malhonnête" et "mercantile". Belle et Bête raconte la liaison de Iacub avec DSK entre janvier et août 2012. "J'en ai assez qu'on se serve de moi et je ne demande qu'une seule chose, c'est qu'on me laisse en paix", a-t-il ajouté. Devant le tribunal, DSK a rendu public un mail de Marcela Iacub dans lequel elle lui explique que sa conscience la "tourmente" et qu'elle aurait été "utilisée" par ceux avec qui elle travaillait sur le livre. Si l'authenticité de ce message n'est pas contestée, Marcela Iacub "ne s'en souvient pas" selon son avocat, maître Bigot, mandaté pour dire en son nom qu'elle n'a "été manipulée par personne".
Quid d'Anne Sinclair ? Particulièrement égratignée dans le livre, la journaliste avait déclaré au Point.fr se réserver le droit de saisir la justice à son tour.