Déterminé à faire interdire le livre Belle et Bête signé par son ancienne maîtresse Marcela Iacub, Dominique Strauss-Kahn était présent mardi 26 février au palais de justice de Paris. Arrivé à 10h, l'ex-directeur général du FMI, qui assigne en référé (la procédure la plus rapide) l'auteure et l'éditeur Stock pour "atteinte à la vie privée", a témoigné durant l'audience. Devant la juge Anne-Marie Sauteraud, l'ancien ministre s'est dit "choqué" par le texte "méprisable et mensonger" de Marcela Iacub, qui le décrit notamment dans son ouvrage comme "mi-homme, mi-cochon." La décision du tribunal est attendue pour 19h30, mardi 26 février.
À la barre, DSK n'a cessé de fustiger le livre de Marcela Iacub. Selon lui, Belle et Bête fait "fi de la dévastation" de sa "vie privée", "de la psychologie de (ses) enfants". Sur un ton très grave, il a ensuite regretté que l'on "tire sur un homme qui est déjà à terre", allusion aux affaires du Sofitel et celle plus récente du Carlton de Lille – qui ont par ailleurs ruiné sa carrière politique et sans doute précipité sa séparation d'avec son épouse Anne Sinclair. L'ex-ministre s'est dit "horrifié" par un procédé qu'il juge "malhonnête" et qui n'a "d'autre objet que mercantile." "J'en ai assez qu'on se serve de moi et je ne demande qu'une seule chose, c'est qu'on me laisse en paix", a-t-il ajouté.
"Ma conscience me tourmente..."
Son avocat Me Jean Veil a parlé d'une "véritable machination" contre son client DSK, s'appuyant sur quelques extraits d'un mail envoyé par Marcela Iacub à son ancien amant. "Après tant de mensonges et d'esclandres, je me sens obligée maintenant de te dire la vérité. (...) Ma conscience me tourmente depuis presque un an. Je suis une personne honnête et je me suis laissé entraîner d'une manière un peu légère dans un projet te concernant auquel je n'aurais pas dû participer", écrit-elle à DSK dans un mail mis en ligne par Metro.fr, qu'elle lui demande par ailleurs "d'effacer".
Comme Marcela Iacub l'avait expliqué dans Le Nouvel Observateur, sa relation avec DSK était motivée par l'écriture de Belle et Bête, même si elle n'a pas voulu lui "nuire". "Il m'a fallu te faire croire que j'étais éprise de toi, que j'étais folle de toi. (...) Je suis désolée. Je te demande pardon mais je sais que tu ne pardonneras jamais", explique dans ce mail celle qui dit avoir été "utilisée" par les gens avec lesquels elle a travaillé sur le livre.
DSK demande un encart sur chacun des exemplaires de Belle et Bête, et l'interdiction "à titre subsidiaire" de l'ouvrage qui doit paraître mercredi 27 février. Une mesure très rare, appliquée seulement en 2004 pour le livre d'une ex-prostituée de l'affaire Alègre et en 1996 pour le livre de l'ancien médecin de François Mitterrand, finalement réédité en 2005.
De son côté, l'éditeur Stock, défendu par Me Bigot, a proposé l'insertion d'un avertissement à propos de la procédure en cours sur la couverture du livre, mais seulement pour le prochain tirage, prévu mercredi 27 février. Il est en effet "matériellement impossible" de publier un encart sur les 40 000 exemplaires déjà mis en place dans les librairies.
"Belle et Bête" devrait sortir le 27 février aux éditions Stock.