Face aux différents hashtags qui ont vu le jour pour dénoncer le harcèlement et les agressions sexuelles (#MoiAussi, #BalanceTonPorc...), la parole se libère. Interrogée sur la question par La Parisienne, elle qui était jusqu'ici muette, Elisa Tovati s'est dite "solidaire de toutes ces femmes qui prennent la parole et heureuse que l'on puisse en parler". La jeune femme, actrice et chanteuse, ignorait "qu'il y avait autant de monde concerné dans ce milieu" et dit avoir aussi "vécu des choses très limites". "Je n'avais pas le courage de parler de ce droit de cuissage, de cette pression", justifie l'intéressée.
Pour mieux comprendre, il faut remonter au tout début de la carrière de celle qui se révélera dans La vérité si je mens. Des comportements croisés "trois ou quatre fois" lors de ses "castings entre 15 et 18 ans". Des agissements "comme c'est arrivé à presque toutes les jeunes actrices qui sont les proies de gros porcs". "Ce sont des castings où l'on vous demande de vous foutre à poil sous prétexte que c'est pour le rôle d'une fille un peu sulfureuse. Moi, je répondais au réalisateur : 'Sur le tournage, si le rôle le justifie, on verra. Mais là, dans une salle blanche, devant vous et une petite caméra, ça va pas être possible.' Mais j'étais tétanisée", raconte Elisa.
Je revenais parfois en pleurs chez moi parce que j'avais encore huit ou dix jours de tournage avec lui
"Ça m'est même arrivé de partir en courant. Je me souviens aussi d'un comédien très connu sur le tournage d'une fiction télé qui a bloqué la porte de ma loge et m'a dit : 'Viens, je vais te faire un petit détartrage.' Il était âgé, j'étais jeune. J'ai été très choquée. Vous arrivez à vous en sortir avec une pirouette, un sourire, un coup de coude pour ouvrir la porte. Mais vous êtes en panique", se souvient-elle, sans dire de nom.
L'expérience lui coûtera "quelques séances de psy" et des confidences à ses parents. "Je revenais parfois en pleurs chez moi parce que j'avais encore huit ou dix jours de tournage avec lui", poursuit Elisa Tovati. C'est dans sa force, le pouvoir de se déconnecter, qu'elle trouve le courage de poursuivre. "Aujourd'hui, je serais même incapable de donner des détails précis de certains événements tellement je les ai enfouis", assure-t-elle.
Devant cette mobilisation 2.0, Elisa Tovati reste toutefois sceptique. Heureuse que l'on brise l'omerta, mais gênée par "le côté tribune populaire" de balancer des noms comme à des époques bien sombres de notre histoire. "En revanche, j'ai fait une chanson sur le sujet il y a six mois qui s'appelait SOS. Le texte racontait que, parfois, on en a marre de faire croire que tout va bien. Je ne suis pas seulement le personnage de Chochana Boutboul dans La vérité si je mens ou la chanteuse amoureuse. Mais quand j'ai enregistré cette chanson, on m'a dit : 'Ce n'est pas toi, pas ton ADN. Tu es quelqu'un de solaire. On n'y croit pas'", détaille la jeune quadragénaire qui l'a alors mise sur internet.