Elle a crevé l'écran, elle est devenue maman, et voilà qu'elle nous fait, à 34 ans, le coup du "syndrome de Peter Pan" - titre de son inattendu nouveau single : Elisa Tovati, starisée par sa participation à La Vérité si je mens ! 2 sous les traits de Chochana Boutboul et actuellement en tournage du troisième volet avec la même bande dirigée par Thomas Gilou, revient à la chanson et nous offre le gage de sa douce impertinence préservée.
On aurait tort de voir dans Le Syndrome de Peter Pan, pittoresque observation prémonitoire des péripéties amoureuses, un retour orchestré vers l'enfance dorée et à jamais perdue. Tout au contraire, il faut y voir la continuation du voyage léger d'une artiste qui a su conserver un regard candide et fantaisiste sur les choses des adultes. Ce dont ont toujours témoigné ses chansons, souvent bien croquées et portées par une voix joueuse.
Elle avait bien l'espièglerie mutine d'une fée Clochette, quelques années en arrière, lorsqu'elle publiait le coup d'essai Ange étrange (2002), puis le coup de foudre bien nommé Je ne mâche pas les mots (2006), son second album riche en contributions chic (Marc Lavoine, Vincent Baguian, Patrick Bruel, Daniel Darc) et boosté par le single 9 mois ajouté tardivement à la setlist, compte à rebours d'une drôlerie toute tendre et baby-boomogène. Dans le clip qui l'illustrait, carton de l'airplay et court métrage anti-post-partum, Elisa mettait en scène sa grossesse fictive, près de trois ans avant d'en vivre vraiment l'expérience et de donner à son mari Sébastien Saussez un fils, Joseph, né en janvier 2009.
D'un battement d'aile, en un battement de cils, l'artiste de 34 ans folâtre d'une carrière à l'autre. Et tandis que son époux, ancien boss de Mercury (Universal), s'affaire à la création d'un nouveau label (JoandCo), le nouvel album d'Elisa Tovati, annoncé pour début 2011, paraîtra sur le label Play On (Sony), auquel on doit notamment les révélations Milow et Zaz.
Avec Le Syndrome de Peter Pan, né de la plume de Bertrand Soulier, elle renoue avec le fil de ces petites intimités cocasses et de son goût pour les pirouettes lexicales, dans une tonalité musicale enlevée qui fait la part belle à ses origines maternelles russo-polonaises - un rien d'âme tsigane d'Europe centrale dans les instrumentations, concoctées par Kerredine Soltani et Tryss (du Je veux de Zaz), qui donne au morceau des allures de ritournelle savoureuse, à la fois mélancolique et enjouée. Un mélange doux-amer qui devrait irradier le reste de l'album. Son syndrome est celui d'une femme qui "voit les hommes avec des yeux d'enfant" et considère l'amour comme "un jeu" : ce qui l'autorise à anticiper "les coups de Trafalgar". Au bout du compte, le leitmotiv de cette contine pour adultes pourrait se résumer à : "avant qu'après".
Un single à écouter "avant qu'après" nous vous en dévoilions le clip réalisé par Fabrice Laroche, dont un teaser est à découvrir sur le site officiel d'Elisa Tovati, muée pour l'occasion en danseuse tsigane ensorcelante.
G.J.