Décidément à toute épreuve, la reine Elizabeth II semblait ne pas vouloir céder à la panique alors que le Covid-19 se frayait un chemin jusque dans les milieux dirigeants, politiques et même royaux. Les images de sa poignée de main résolue, sans gants et sans crainte, mercredi 11 mars 2020, avec le professeur Mark Compton, venu lui remettre ce jour-là au palais de Buckingham une médaille de l'Ordre de St John, en était même le gage incontestable. Business as usual, alors que dans le même temps à Paris, le président Macron et son épouse Brigitte se gardaient bien de tout contact physique avec leurs invités d'honneur, le roi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne.
Mais la donne a changé : deux jours plus tard, vendredi 13 mars, les services de la monarque, âgée de 93 ans, ont annoncé le report de tous ses engagements "pour les semaines qui viennent", "par précaution" et pour des "raisons pratiques dans les circonstances actuelles". Si ses audiences au palais londonien ne s'en trouvent pas affectées et se dérouleront a priori comme prévu, deux visites programmées la semaine prochaine ont été ajournées, "en consultation avec ses médecins et le gouvernement", et les suivantes feront l'objet d'une évaluation au cas par cas. "Garder son calme et continuer comme si de rien n'était" semble être la ligne de conduite exemplaire voulue par Elizabeth II, selon un membre de son staff cité par le Daily Mail, qui estime qu'elle n'y dérogera en aucune façon à moins d'un contre-ordre impératif et que toute manoeuvre de confinement d'un membre senior de la famille royale serait de nature à susciter la panique dans le public. Lundi, elle avait d'ailleurs mené la famille royale lors des cérémonies de la Journée du Commonwealth, qui marquaient l'ultime engagement royal du prince Harry et de son épouse Meghan Markle. Elle n'avait alors pas eu à serrer de mains, le protocole en l'abbaye de Westminster imposant un salut sans contact.
La pandémie de coronavirus a également contraint son fils et héritier le prince Charles à différer sine die, là encore en accord avec le gouvernement britannique, sa visite officielle en Bosnie, à Chypre et en Jordanie, qui devait également avoir lieu la semaine prochaine.
Les autres monarchies européennes ont bien entendu également été impactées par la menace du virus et ont pris leurs dispositions. Outre Felipe et Letizia d'Espagne, qui ont subi un test de dépistage sitôt rentrés de France parce que la reine s'était trouvée en contact avec une ministre espagnole atteinte du coronavirus quelques jours plus tôt, le roi Harald et la reine Sonja de Norvège ont opté pour le confinement préventif. Du côté du Royaume de Danemark, où le gouvernement a pris des mesures drastiques, le prince héritier Frederik et la princesse Mary ont pris la décision d'un rapatriement en catastrophe de Suisse, où ils s'étaient installés en janvier afin de permettre à leurs quatre enfants de suivre un cursus de douze semaines dans une école internationale de Verbier. Pour cause d'écoles fermées, la princesse Estelle de Suède est également assignée à résidence. À noter que, si la reine Mathilde de Belgique avait été contrainte d'annuler sa visite diplomatique prévue en Italie, le roi Willem-Alexander et la reine Maxima des Pays-Bas poursuivent actuellement leur voyage en Indonésie.
Seul personnalité du gotha infectée à ce jour, le prince Karl de Habsbourg-Lorraine, archiduc d'Autriche, a signalé qu'il était atteint du coronavirus et actuellement en quarantaine à son domicile de Basse-Autriche, assurant par la même occasion qu'il se sentait bien, seulement affaibli comme par une grippe classique "mais dont les symptômes ne disparaissent pas aussi rapidement".