Si elle les a empêchés d'assister mardi au traditionnel concert donné à Madrid à la mémoire des victimes du terrorisme, événement qui s'est exceptionnellement déroulé à huis clos à l'Auditorium national, la menace galopante du coronavirus n'aura pas eu raison du déplacement en France du roi Felipe VI et de la reine Letizia d'Espagne, mercredi 11 mars 2020, dicté par ce même devoir de mémoire.
Le couple royal, à l'invitation du président de la République Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte Macron, devait assister dans l'après-midi à la cérémonie organisée dans le cadre de la première journée nationale d'hommage aux victimes du terrorisme célébrée en France. Une initiative que le chef d'Etat français avait communiquée en septembre 2018 et dont la date, celle du 11 mars, ne doit rien au hasard, choisie en référence à l'attentat perpétré le 11 mars 2004 à Madrid, l'un des plus meurtriers de l'Histoire européenne : l'explosion de plusieurs bombes en gare d'Atocha à une heure de pointe avait causé la mort de 191 personnes et fait plus de mille huit cents blessés.
Avant le rassemblement de quelque 1200 personnes au Trocadéro, sous l'égide de la Commission européenne, pour ce moment d'intense recueillement, les Macron avaient convié leurs invités d'honneur à déjeuner au palais de l'Elysée. L'accueil de Sa Majesté le roi Felipe et de la reine Letizia n'a pas échappé aux mesures "barrières" imposées par la dangereuse propagation du coronavirus : pas de poignée de main entre le président et le souverain, pas de bises aux dames, mais, en lieu et place de ces habituelles marques de politesse et de sympathie, des signes de la main et des contacts conviviaux sur les manches. Emmanuel Macron a même envoyé des baisers sans danger à Letizia, joignant les mains devant sa bouche avant de les écarter, paumes vers le ciel.
Le virus qui terrorise le monde n'aura en revanche aucunement entravé l'élégance remarquable et constamment remarquée des deux premières dames. Letizia d'Espagne, à l'unisson avec son époux et avec Emmanuel Macron, tous deux en costume bleu marine avec à la boutonnière la rosette de la Légion d'honneur (le souverain espagnole avait été fait grand-croix de l'ordre en 2009), portait un tailleur bleu marine et un top assorti, tandis que Brigitte Macron arborait manteau et pantalon noir avec un chemisier blanc à jabot.
Instaurée en 2005, la Journée européenne du souvenir des victimes du terrorisme réunit celles qui ont survécu ainsi que des membres du monde associatif, des services de secours et de la classe politique autour de la mémoire de ceux qui ont péri. Depuis l'attentat revendiqué par Al-Qaïda en 2004, l'Espagne a été confrontée à deux autres attaques mortelles djihadistes (Etat islamique), à la voiture-bélier, en plein coeur de Barcelone et dans la ville de Cambrils quelques heures plus tard. Deux attentats à la voiture piégée par le groupe terroriste basque ETA ont également fait des morts, en 2006 et 2009.
Malgré les mesures de confinement qui viennent d'être décrétées en Espagne et ont ébranlé leur agenda officiel, causant l'annulation de deux engagements cette semaine, le roi Felipe et la reine Letizia n'ont pas renoncé à leur venue en France en cette journée symbolique. Une visite qui marquait également leur nouvelle entrevue à Paris, après celle d'octobre 2018, avec le couple Macron, qu'ils avaient rencontré pour la première fois en 2015 suite à l'intronisation du monarque espagnol.
GJ