Quelques jours après l'événement qu'a constitué le premier discours en français de la princesse Charlene, irrésistible et intenable pour le 10e anniversaire du règne du prince Albert II, c'est d'outre-Manche que sont parvenus de nouveaux accents royaux francophones.
A l'occasion d'une visite, jeudi 16 juillet 2015, dans une école de l'est de Londres, la Sydney Russell School de Dagenham, la reine Elizabeth II, 89 ans, a répondu en français à l'accueil qui lui a été fait dans cette même langue dans une salle de classe : "Très bien, merci", a-t-elle poliment rétorqué à une adolescente de 13 ans qui lui demandait "Comment allez-vous ?". Leur conversation en français s'est ensuite portée sur le grand-père sri-lankais de la demoiselle, qui avait en commun avec la monarque sa date de naissance : "Ah, vraiment ? Votre grand-père ?", s'est enquise la reine, qui a ensuite écouté un exposé sur le général De Gaulle.
L'aisance en français d'Elizabeth II est bien connue, elle qui use régulièrement, en compagnie de diplomates francophones et au Canada, de cette compétence acquise dans sa jeunesse auprès de gouvernantes françaises et belges ayant contribué à son éducation.
Et vous avez encore des amis ?
La souveraine britannique n'a toutefois pas décroché, malgré ce talent, la palme du jour, qui est revenue à son mari le prince Philip, pour une énième gaffe à ajouter à son palmarès. Le duc d'Edimbourg, qui accompagnait son épouse pour cette dernière sortie officielle avant leur congé estival à Balmoral, en Ecosse, a encore eu la langue bien pendue alors qu'ils visitaient ensemble, le même jour, le centre communautaire Chadwell Heath. Quelques jours après avoir fait le buzz en jurant après un photographe un peu trop lent à son goût dans le cadre des célébrations des 75 ans de la Bataille d'Angleterre, le nonagénaire (94 ans, précisément) au caractère bien trempé a récidivé : "Vous vous faites entretenir par qui ?", a-t-il ainsi demandé à un groupe de femmes membres de l'association Asian Women Network, dont sa fondatrice. "C'était juste pour nous taquiner, estime celle-ci, et c'est exactement la même chose que quand je surnomme mon mari "le portefeuille sur pattes"." En matière de taquineries, le duc ne s'est pas arrêté là : "Vous avez créé votre association pour pouvoir vous raconter des potins ?", a-t-il également demandé. "C'est une question habituelle, rétorque cette fois plus sérieusement la jeune femme de 35 ans. Beaucoup de gens disent exactement comme le duc, mais nous travaillons dur. Quand nous avons organisé un événement au mois de mars, cela a demandé beaucoup de boulot, en organisation et en temps."
Les femmes de l'association (une autre s'est vue rabrouée pour employer trop au goût du duc le mot "communautaire") ne sont pas les seules à avoir fait les frais de l'humour incontrôlable du prince Philip, comme en témoigne cet échange qu'il a ensuite eu avec un travailleur caritatif : "Quand je lui ai dit que j'étais collecteur de fonds professionnel, il m'a dit : "Vous avez encore des amis ?" Je lui ai répondu : "Pas tellement", et il a dit : "Oui, j'imagine.""
A l'école Sydney Russell aussi, il s'était fait remarqué, mais pas en cours de français : en cours d'allemand. "Je viens de rentrer d'Allemagne, mais je n'ai quasiment rien compris pendant tout le temps que j'y ai passé", a-t-il plaisanté à propos de la langue de Goethe, qu'il maniait bien par le passé. Et de chambrer le professeur du cours en question, qui acheva une phrase en allemand par un "OK" : "Je ne crois pas qu'OK soit de l'allemand."
Incorrigible !