Après avoir fait samedi le plein d'émotions à Ascot en compagnie de son fils le prince Andrew, la reine Elizabeth II répondait lundi 17 octobre 2011 à l'invitation du roi Constantin de Grèce et inaugurait, fait inédit pour un chef d'Etat, une conférence annuelle d'écoles internationales.
Au Wellington College de Crowthorne, dans le Berkshire, prestigieux établissement qui a vu passer sur ses bancs Sebastian Faulks, George Orwell ou encore Sir Christopher Lee, la monarque a donné le coup d'envoi de la Conférence Internationale de l'association Round Square, qui regroupe 80 établissements scolaires répartis sur les cinq continents autour de la promesse de participer à des travaux d'intérêt général, à divers projets, programmes d'échanges et autres aventures.
Round Square est placée sous la présidence et le patronage du roi Constantin de Grèce, et celui-ci, établi à Londres depuis près de quarante ans suite à son exil forcé consécutif au coup d'Etat de 1967 dans son pays, a accueilli la reine et son mari le duc d'Edimbourg en ces termes : "Nous sommes extrêmement honorés et touchés que vous soyez venue inaugurer la conférence - vous êtes le premier chef d'Etat à le faire." Elizabeth II, elle, semblait heureuse de croiser ainsi sa cousine la reine Anne-Marie de Grèce (arrière-petite-fille de la reine Victoria).
Il faut avouer que rien n'était moins sûr que la venue de la monarque, alors en pleins préparatifs de sa visite officielle en Australie, du 19 au 29 octobre. Agenda que n'ignorait pas Constantin, poursuivant : "Nous sommes profondément touchés, d'autant plus que vous êtes sur le point de partir pour l'Australie et le sommet du Commonwealth. C'est un long trajet qui vous attend, mais vous êtes ici aujourd'hui, pour rencontrer les étudiants." Des remerciements que la reine Elizabeth II a honorés, déclarant à son tour : "La dernière fois que vous êtes venus au Royaume-Uni, c'était pour fêter votre 40e anniversaire à Gordonstoun, une école que nous connaissons bien. Ma famille a eu le bonheur de collaborer avec un certain nombre d'écoles de Round Square, c'est donc un plaisir pour moi d'être présente aujourd'hui. Et le thème, Aller au-delà de nos limites, offre un challenge motivant à tous ceux qui prennent part à la conférence cette semaine."
Ultime visite aux antipodes ? L'Australie est en effervescence.
Si la présence de la monarque à ce rendez-vous a été appréciée, que dire de la ferveur qui précède son arrivée en Australie ? Alors que le processus de modification du système de succession au trône, en faveur de la "primogéniture égale" (le premier enfant né a priorité, peu importe son sexe), a été initié par David Cameron avec l'appui de la reine, le Premier ministre anglais contactant ses homologues dans les quinze pays du Commonwealth (tous doivent donner leur accord pour que la loi soit ratifiée), la reine Elizabeth II est attendue notamment pour le sommet des chefs d'Etat du Commonwealth, à Perth. Il ne fait aucun doute que le sujet sera à l'ordre du jour, ainsi que d'autres raffinements tels que la possibilité - proscrite pour l'instant - pour une personne de confession catholique romaine d'épouser un héritier au trône.
Mais au-delà des enjeux, c'est la seule visite de la reine qui crée l'événement au bout du monde. Tout simplement parce que, à 85 ans, cela pourrait bien être son dernier déplacement en Australie. Alors, nombre de sujets ne manqueraient son passage pour rien au monde. "Les gens veulent voir la reine une dernière fois. Il y a un sentiment d'excitation et d'anticipation que nous n'avions pas les fois précédentes", a ainsi confié à l'AFP Philip Benwell, de la Ligue des monarchistes australiens. Une effervescence pour cette seizième et potentielle dernière visite, accompagnée de son mari le duc d'Edimbourg, 90 ans, qui fait écho à la liesse qui avait entouré sa première venue, en 1954. Ce sont alors 75% des Australiens qui étaient descendus dans la rue pour acclamer la jeune monarque au gré de ses passages dans 70 villes et ses 100 discours prononcés. Cette fois, le rythme ne devrait pas être le même.
A l'heure où le pays réfléchit à un devenir républicain (60% d'opinions favorables, en recul au moment du mariage de William et Kate), la visite d'Elizabeth II demeure un événément majeur, motif de fierté nationale.