Abandonnées en désespoir de cause par les autorités publiques, les recherches pour tenter de retrouver l'épave de l'avion à bord duquel se trouvait Emiliano Sala lundi 21 janvier 2019 ainsi que son corps et celui du pilote ont été relancées dans la matinée du samedi 26 janvier.
Si personne ne se berce d'illusions, la famille du footballeur italo-argentin de 28 ans (ses parents Horacio et Mercedes, séparés, sa soeur Romina et son frère Dario) et ses proches ne pouvaient se résoudre à baisser les bras et ont fait appel à la générosité du public pour financer la reprise des recherches, par un organisme spécialisé. Leur démarche, relayée et soutenue par les plus grandes stars du football, à l'instar de Lionel Messi, a été payante puisque plus de 1 800 personnes s'étaient mobilisées à 14h30 samedi et 155 285 euros avaient été récoltés, au point que les organisateurs ont relevé le plafond initial de la cagnotte et le montant qui n'a depuis cessé d'augmenter avec quelques très généreuses contributions (Kylian Mbappé aurait par exemple offert 30 000 euros). "Les coûts liés aux recherches étant sujets à des variables (durée, conditions météo, remorquage, etc.), nous espérons ainsi couvrir le maximum des dépenses liées à notre quête", ont-ils expliqué.
Grâce à ce mouvement de solidarité, les proches de l'ancien buteur du FC Nantes, qui venait d'être transféré au club de Cardiff City et rejoignait justement le Pays de Galles le soir de sa disparition, ont pu s'offrir les services des équipes de David Mearns, spécialiste de ce type de missions de recherches. Deux bateaux ont entamé samedi matin cette nouvelle phase de recherches.
Pendant ce temps, de nouvelles révélations continuent de voir le jour quant aux conditions dans lesquelles le Piper PA-46 Malibu à bord duquel Emiliano Sala se trouvait a été affrété pour lui permettre de revenir à Nantes afin de dire au revoir à ses ex-coéquipiers et prendre ses dispositions en vue de sa nouvelle vie outre-Manche. Dernièrement, le Daily Mail a produit des SMS qu'ont échangés Sala et Jack McKay dans la soirée du vendredi 18 janvier, puis dans l'après-midi du dimanche et du lundi : joueur de Cardiff City et fils d'un célèbre agent de joueurs, Willie McKay, il avait joué les intermédiaires et demandé l'aide de son père, lequel avait arrangé la mise à disposition de l'avion. "Mon père m'a dit que tu rentrais chez toi demain. Il peut t'avoir un avion pour aller directement à Nantes et revenir lundi, à l'heure qui te convient, pour que tu puisses venir t'entraîner mardi", avait ainsi proposé Jack McKay à un Emiliano Sala qui cherchait encore un vol en dernière minute. Quant au coût du service : "Rien du tout. Mon père m'a dit que si tu m'aides à marquer des buts, c'est cadeau", avait répondu le Britannique avec humour. "Ah ah, avec plaisir. On va marquer des tas de buts", avait rétorqué Sala. Le surlendemain, les deux jeunes hommes s'étaient accordés sur les derniers détails (horaires, place pour les bagages).
D'autres interrogations demeurent en suspens concernant le pilote qui a pris place aux commandes : il ne s'agissait pas de David Henderson, que Willie McKay avait contacté pour réserver l'avion, mais de David Ibbotson, un pilote lui aussi émérite mais qui a admis, après avoir atterri à l'aéroport de Nantes-Atlantique à l'aller, "être un peu rouillé avec le système d'atterrissage aux instruments" et avoir connu quelques difficultés dans son approche vers le tarmac. "A propos de la réservation du vol, nous avons contacté Mr David Henderson, qui a été notre pilote et celui de nombre de nos joueurs dans toute l'Europe en maintes occasions. Nous ne sommes pas impliqués dans le choix de l'avion ou du pilote et nous aimerions clarifier une nouvelle fois que nous ne sommes pas propriétaires de l'avion à bord duquel se trouvait Emiliano", a détaillé Willie McKay, dont l'autre fils, Mark, avait géré le transfert de Sala et qui a contacté la famille du joueur pour lui expliquer les circonstances de l'organisation de son vol.
Le Daily Mail a en outre révélé que le départ du vol d'Emiliano Sala avait dû être différé de dix heures, pour des raisons non divulguées. Alors que le décollage était prévu en début de journée et que le vol devait donc se faire en plein jour, le Piper PA-46 Malibu n'avait décollé qu'à 20h15 heure française, après avoir connu quelques ratés dans le démarrage des moteurs. Une heure et huit minutes plus tard, il disparaissait des radars alors qu'il entamait la traversée de la Manche, à une vingtaine de kilomètres au nord de Guernesey.
En théorie, c'est David Henderson qui devait s'installer aux manettes : son nom figurait sur le plan de vol soumis aux autorités (et certaines sources disent que son passeport a été scanné à l'aéroport de Nantes le jour J, alors que lui dément avoir été sur place), avant d'être remplacé le jour même par David Ibbotson, qui avait séjourné tout le week-end dans un hôtel Kyriad proche de l'aéroport. Un réceptionniste de l'établissement a indiqué que ce dernier avait commandé un taxi à 7h30 le lundi matin, puis avait annulé la course et était resté à l'hôtel jusqu'à 18 heures. Les questions sur ce remplacement de dernière minute, et alors que David Ibbotson n'avait pas de permis de transport commercial de voyageurs, restent sans réponse, d'autant que David Henderson s'est muré dans le silence.