C'est le premier vrai déplacement de campagne pour Emmanuel Macron, président sortant officiellement dans la course des élections 2022 depuis le début du mois. Il était à Dijon ce 28 mars 2022 pour défendre à la fois son bilan et son programme, en bras de chemise en ce début de printemps pour retrouver le contact avec les Français qu'il avait dû délaisser en raison de la guerre en Ukraine, loin des "Macron assassin" scandés par certains lors du meeting de son adversaire Eric Zemmour. Lors de son déplacement, le président a conseillé, au "candidat malentendant" - car l'ex-polémiste affirme ne pas avoir entendu ces paroles - de profiter de la réforme permettant le remboursement des prothèses auditives.
Dans le quartier populaire Fontaine d'Ouche, le mari de Brigitte Macron a pu à la fois goûter aux encouragements de certains et mesurer les fortes inquiétudes de nombreux habitants pour leur pouvoir d'achat. "Est-ce que vous trouvez ça normal que je n'arrive plus à vivre de mes revenus ?", l'a interpellé un agent commercial de 46 ans. "Tout flambe (...) Mettez-vous à la place d'une famille française. Ça ne peut plus durer, les gens vont péter un câble !", lui lance-t-il sur un ton décidé mais courtois.
Emmanuel Macron tente de lui répondre. Il insiste sur la remise à la pompe de 18 centimes TTC par litre de carburant à partir de vendredi, et sur le "bouclier" pour limiter le prix du gaz... Mais "il n'y a pas d'argent magique", reconnaît-il, en soulignant que les entreprises "vont devoir accompagner leurs employés". Il affirme aussi que l'Etat français est "celui qui fait le plus" en Europe pour aider à faire face à l'inflation. "Avec 575 euros, on ne vit pas !", lui lance juste après une dame aux cheveux courts en référence au montant mensuel du revenu de solidarité active (RSA). "Pour moi c'est insupportable ce que vous avez dit sur le RSA", ajoute-t-elle, alors que le candidat veut le conditionner à une quinzaine d'heures d'activités.
Parallèlement aux échanges musclés qui rappellent ceux qu'avaient connus Emmanuel Macron avant le déclenchement de la crise des Gilets jaunes en novembre 2018, le chef de l'Etat a également été bien accueilli avec des embrassades et des enfants ravis d'être dans ses bras. Voulant montrer la face sociale de ses ambitions et contredisant le fait qu'il ait un programme de droite, l'ancien ministre de l'Economie se défend d'être dans un camp : "On a fait des réformes que les gens venant de la droite n'avaient jamais voulu, ou pu, ou su faire ; et elles nous ont permis de financer des politiques sociales que les gens de gauche n'avaient jamais faites." Ce même jour, il s'est également rendu à la rencontre des élèves de l'école "Cuisine mode d'emploi(s)" du chef Thierry Marx.
Emmanuel Macron devrait retrouver la campagne jeudi 31 mars avec un déplacement sur le thème de l'écologie, probablement en Charente-Maritime, avant l'unique meeting du premier tour samedi 2 avril près de Paris. Par ailleurs, le dirigeant français et Vladimir Poutine vont de nouveau se parler au téléphone ce 29 mars, a annoncé l'Elysée, notamment au sujet d'une opération humanitaire d'évacuation dans la ville ukrainienne assiégée de Marioupol organisée avec la France, la Grèce et la Turquie.