Comme sa soeur Mathilde, Emmanuelle Seigner n'est pas du genre à garder sa langue dans sa poche. Relativement discrète lorsqu'il s'agit de cinéma, où elle a plutôt tendance à évoluer en tant que femme de Roman Polanski, Emmanuelle Seigner s'émancipe devant un micro. Notamment quand il s'agit de livrer un nouvel album, comme le dernier, intitulé Distant Lover.
De la distance, la comédienne et chanteuse sait en mettre. Notamment avec sa soeur, Mathilde Seigner, qui avait un goût prononcé pour Michel Sardou. "Quand elle passait un disque de Sardou, je le retirais et le cassais en deux, comme ça. Elle a toujours aimé ces trucs ringards", lâche-t-elle, au cours d'un entretien accordé au Figaro Magazine, pour le moins instructif (on y apprend notamment que, plus jeune, Emmanuelle Seigner avait un rapport particulier avec l'argent, elle qui se définira comme "vénale"). Elle n'est donc pas attirés par les goûts musicaux de sa soeur, pas plus que par ceux de son mari, qui écoute des "choses populaires comme Céline Dion". "C'est terrible", se laisse même dire celle qui avec Distant Lover voulait signer un album très rock.
"Peu de gens ont réussi à faire du rock crédible en français", estime la belle de 47 ans. Quand le journaliste a le malheur d'embrayer sur Jean-Louis Aubert, Emmanuelle Seigner est instantanément rattrapée par son franc-parler : "Mais Téléphone, ça a toujours été nul. Franchement, c'était les Rolling Stones de Bécon-les-Gonesses, non ?" En même temps, toucher aux icônes de la culture française, Emmanuelle Seigner aime ça. Pour preuve, ces propos étonnants à propos de Godard, avec qui elle a tourné dans Détective (1985) : "Il ne m'aimait pas, parce qu'à l'époque, je savais à peine qui il était, et m'en foutais complètement. Il aurait voulu que je le vénère, ce qui n'était pas du tout le cas."
Pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, la divine Emmanuelle. Comme dans La Vénus à la fourrure, son dernier rôle, toujours sous la direction de son époux. "Ça va être difficile de trouver mieux ou simplement aussi bien", glisse-t-elle, très fière de son rôle. Mais la chanteuse redevenue actrice n'a pas trouvé mieux que son Polanski comme directeur. Même s'il est exigeant : "J'ai régulièrement de bons mobiles de meurtre", avoue-t-elle en référence aux reproches du cinéaste, et à la manière dont il les lui fait.
Interview à retrouver dans son intégralité dans Le Figaro Magazine, en kiosques depuis le 21 mars.