Enfants-acteurs, héros de nos films cultes : où sont-ils passés aujourd'hui ?
Publié le 4 octobre 2011 à 07:15
Par Geoffrey C.
La Boum, Sophie Marceau et Sheila O'Connor
La Boum, réunion des anciens élèves en 2003 pour la sortie du DVD, avec Sophie Marceau
Scène de La guerre des boutons, Yves Robert
L'effrontée, Charlotte Gainsbourg et Julie Glenn
Le vieil homme et l'enfant, Michel Simon et Alain Cohen
Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants, Yvan Attal et Alain Cohen
Diabolo Menthe, de Diane Kurys, avec Eléonore Klarwein
François Guillaume-Lorrain : son livre Les Enfants du cinéma
La suite après la publicité

En 1959, à seulement 14 ans, le jeune Jean-Pierre Léaud marque l'histoire du cinéma dans Les 400 coups. De tous les enfants-stars du cinéma d'hier, il fait partie de ces exceptions qui ont survécu au passage du temps, là où tant d'autres disparaissent de la circulation. Rebelle et désinvolte devant la caméra de Truffaut, le comédien le reste encore aujourd'hui lorsqu'il déclare que "Le cinéma tue, il faut le dire".

Ces propos, relayés par Le Figaro, répondent au livre du journaliste François Guillaume-Lorrain, Les Enfants du cinéma, consacré à ces jeunes acteurs propulsés par un succès et enterrés par la suite. Car pour une carrière extraordinaire comme celle de Sophie Marceau, qui rêvait dans La Boum (1980) avant de côtoyer Mel Gibson et James Bond, combien y a-t-il de durs retours à la réalité ?

Sa meilleure amie frisée dans le film de Claude Pinoteau, Pénélope, n'a pas eu la même chance. Sheila O'Connor, son interprète, a aujourd'hui 45 ans, et se consacre à l'écriture et la mise en scène. Elle s'est récemment confiée en expliquant qu'il n'y avait pas de place pour deux, sous les projecteurs à l'époque : "Pour la promotion du film, on m'a tenue éloigné des médias. On ne voulait pas que je fasse trop d'ombre à Sophie Marceau." Par la suite, malgré un rôle dans la comédie P.R.O.F.S aux côtés de Patrick Bruel et Fabrice Luchini, elle prend conscience qu'elle ne correspond pas à ce que recherchent les directeurs de casting : "On cherchait des femmes pulpeuses. Je n'avais pas la plastique de Sophie Marceau."

Mais il n'y pas que les seconds rôles qui payent le prix fort. Eléonore Klarwein, héroïne de Diabolo menthe (1977), est aujourd'hui à la tête d'une agence de mannequinat. Mais entre temps, le film aura chamboulé sa vie, et pas seulement en bien. Elle disait récemment : "J'ai touché 10 000 francs en tout et pour tout pour Diabolo Menthe et j'étais une sorte de star archi-fauchée. A un moment, j'ai d'ailleurs vendu des glaces pour me faire un peu d'argent et les gens m'en achetaient pour avoir des autographes." La jeune adolescente quitte l'école, fréquente les lieux parisiens branchés, devient mère à 19 ans, et entame finalement une carrière de mannequin.

Pour beaucoup, les plateaux de tournage sont depuis longtemps de lointains souvenirs qui donnent à leur vie une allure atypique. Alain Cohen, l'enfant juif recueilli par Michel Simon dans Le vieil homme et l'enfant de Claude Berri (1967), a ouvert une agence immoblière, habite un kibboutz et vend des fruits et légumes rares, quelques années après son apparition dans Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants d'Yvan Attal. Alain Emery, qui domptait l'étalon de Crin Blanc (1953), vit tranquillement en Camargue. Gaspard Manesse d'Au revoir les enfants (1987) travaille dans un sanatorium. Ariel Besse, découverte dans Beau-père (1981) avec Patrick Dewaere, est postière. Visiblement traumatisés, Catherine Demongeot de Zazie dans le métro (1960) évite soigneusement les médias tandis que Patrick Auffray, le camarade d'Antoine Doinel dans Les 400 coups, a tout fait pour ne pas être retrouvé.

Dans ceux que Le Figaro ne cite pas, il y a l'attachante petite Lulu de L'effrontée, Julie Glenn, qui n'a certainement pas la carrière de Charlotte Gainsbourg, mais retravaille depuis quelques années avec le réalisateur du film, Claude Miller. Valérie Lalande, la 'bourge' Bernadette Le Quesnoy dans La vie est un long fleuve tranquille, n'a plus rien tourné depuis ; aucune trace d'elle, mais Purepeople mènera l'enquête.

Contacté par Yann Samuell pour apparaître dans sa version de La Guerre des Boutons avec Mathilde Seigner, l'inoubliable Martin Lartigue, plus connu comme le Petit Gibus du film de 1962 d'Yves Robert, expliquait dans France Dimanche : "Je leur ai demandé un scénario. Ils n'ont pas voulu m'en donner un. C'était bizarre, un peu léger comme façon de faire. Ils me proposaient un rôle sans savoir quelle tronche j'avais aujourd'hui. Une film, ça se fait pas comme ça. Et puis je n'aimais pas leur côté 'cinéma', genre on va vous rendre service en vous proposant un rôle." Le cinéma fait rêver, mais pas pour toujours.

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