En général, avec Eric Naulleau tel que le grand public le connaît, pas de faux-semblants ni de manoeuvres détournées : ça sonne clair, ça frappe fort, ça touche dans le mille. C'est en tout cas la réputation de sniper orateur qu'il s'est faite, au côté d'Eric Zemmour, en tant que chroniqueur de Laurent Ruquier, dans On n'est pas couché.
Mais jeudi soir, pour l'enregistrement du nouveau numéro de ce rendez-vous, Naulleau n'avait pas l'air au top, a remarqué le JDD, qui, dans son édition de samedi 6 novembre, explique que l'intéressé avait reçu une bien mauvaise nouvelle dans l'après-midi : une condamnation par la cour d'appel de Paris pour "manoeuvre frauduleuse".
Rien à voir avec les activités télévisuelles et radiophoniques d'Eric Naulleau, arrivé à la rentrée aux commandes de Ça balance à Paris sur Paris Première. C'est sa carrière d'écrivain et d'éditeur qui investit les chroniques judiciaires. En cause, un bras de fer autour d'un nom de marque, celui de sa maison d'édition L'Esprit des péninsules dans le dos de son associé... Le JDD revient en détails sur cette affaire.
"L'histoire commence en 1998. Ecrivain, musicien et homme politique espagnol, Rodrigo de Zayas accepte cette année-là de financer les activités éditoriales d'Eric Naulleau. Les deux hommes s'associent pour fonder une SARL : L'Esprit des péninsules. Naulleau aime bien cette expression qui lui a été inspirée par le grand écrivain bulgare Yordan Raditchkov : en 1993, il avait déjà baptisé du même nom une association (loi 1901), au sein de laquelle il s'était initié - avec succès - à l'édition."
Le tandem fonctionne d'une façon claire et précise : Zayas finance (sur les deniers d'un héritage), Naulleau mène la barque. "En 2007, le tribunal de commerce de Paris finira par placer la société en redressement judiciaire avant d'en ordonner la liquidation, relate le JDD. Entretemps, près de 200 livres ont été publiés."
Et c'est là que le bât blesse : Naulleau aurait en effet déposé à l'insu de Zayas, en 2003, la marque "L'Esprit des péninsules". "Cela revenait à s'approprier tous les actifs de la société puisqu'elle portait ce nom", s'insurge Zayas, dont l'avocat du liquidateur judiciaire estime qu'il s'est fait escroquer par son associé : "Régulièrement, Eric Naulleau demandait à Rodrigo de Zayas de nouvelles sommes (...) En réalité, Naulleau s'est payé avec cet argent et a détourné l'actif principal de la société : la marque. Cela relève de l'escroquerie civile."
Poursuivi en justice, Eric Naulleau, qui assure n'avoir "jamais cherché à rouler Rodrigo", avait fait valoir devant la justice qu'il lui avait semblé "urgent" de protéger la marque, expliquant que c'est un copain, au cours d'une conversation, qui l'avait alerté du danger - sans dépôt, n'importe qui pouvait s'emparer de la marque. Argument que la cour d'appel a perçu comme de la "mauvaise foi", condamnant Naulleau pour "manoeuvre frauduleuse". "La cour a estimé que la démarche de mon client n'était pas innocente et que ses intentions étaient malicieuses", a constaté son avocat.
Eric Naulleau a désormais l'intention de se pourvoir en cassation pour cette marque à laquelle il dit tenir sentimentalement et qu'il continue d'exploiter, après la liquidation de son ancienne société, depuis qu'il a rejoint il y a trois ans l'éditeur Jean-Claude Gawsewitch : "Cette marque me tient à coeur, c'est mon côté sentimental, je vis avec elle depuis dix-sept ans et je considère qu'elle m'appartient."
Mais comme le coeur a ses raisons que la raison du business ignore, il doit aussi affronter un casse-tête pragamatique : comment transférer la marque "à compter de la date de son dépôt à la société L'Esprit des péninsules, représentée par son liquidateur" ?