Nous sommes au début des années 90, Etienne Daho sort d'un concert à Los Angeles et rejoint l'hôtel de luxe Château Marmont. Le public a passé une bonne soirée, mais le chanteur lui, est à bout. Pendant la soirée, il grimpe sur son balcon et hésite à lâcher, à en terminer en pleine gloire. Ce qui le retient, au dernier moment ? "Un flash de terreur. J'ai réalisé qu'un élan me poussait à en finir, une sorte de raptus, mais que ce n'était pas moi du tout. Comme lorsqu'on voit le fou en soi, que l'on s'imagine faire une chose absurde ou violente", confie-t-il cette semaine dans Madame Figaro.
Pourtant, le monde entier est bien loin de s'imaginer ce qui se passe dans sa tête pendant cette période noire de sa vie. Depuis la sortie de Paris Ailleurs, l'un de ses albums les plus connus en 1991, il est en effet en pleine "Dahomania" : ses concerts attirent des foules de fans hystériques. Mais lui n'en peut plus.
"Si j'avais continué à ce rythme-là, je serais mort. Trop de travail, trop de fêtes, trop de tout", continue-t-il, très franc. "Et puis ces moments d'hystérie totale, où des gens dormaient en travers de mon paillasson, ce n'était pas possible. Je ne suis pas taillé pour ça. Même si j'adorais le côté joyeux, le cadeau incroyable que ça marche autant. Tellement de projets, de sollicitations..."
Un monde qu'il ne supporte plus et dont il mettra longtemps à se relever. "On vit dans un truc où on est perché la plupart du temps. C'est une addiction. Donc, on continue. Jusqu'au moment où je me suis retrouvé au bord du précipice sans m'en être rendu compte", raconte-t-il, expliquant qu'il a "mis deux, trois ans à [s]e remettre de cette période".
"Je suis parti à Londres, j'ai fait l'album Eden, c'était vraiment une cure", avoue le chanteur de Duel au Soleil, qui a également eu besoin de l'aide d'une psychothérapie. "Je n'aurais pu faire sans. D'autant plus qu'une fois qu'on a réglé un certain nombre de problèmes, papa, maman, etc., ça permet de mieux comprendre les autres".
Également marqué par la mort d'un père qui l'avait abandonné, et qu'il avait fini par rejeter, Etienne Daho va bien mieux aujourd'hui et continue de s'appuyer sur ses proches, notamment Jane Birkin avec qui il a collaboré de nombreuses fois ces trente dernières années. D'ailleurs, entre eux, c'est une histoire de famille : Etienne Daho a également écrit des chansons pour et avec Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon, les deux filles de l'artiste britannique.