L'histoire footballistique se répète, et l'Espagne adore ça ! Dimanche soir, il n'aura guère fallu que quatorze minutes au prince Felipe, héritier du trône, et à tous ses compatriotes pour s'enflammer et voir la Roja sur les rails d'une triple couronne historique lors de l'Euro 2012, lorsque David Silva expédia une tête en pleine lucarne sur un centre en retrait laser d'Arbeloa. Rien ne pouvait plus alors faire dérailler la Furia Roja, qui allait imposer à des Italiens valeureux mais impuissants sa maestria à coups de banderilles imparables, plantées coup sur coup plein axe : un premier mano a mano remporté face à Buffon par Jordi Alba, puis deux buts supplémentaires par Fernando Torres et Juan Mata ont rendu le triomphe ibérique encore plus éclatant.
En tribunes, le fils du roi Juan Carlos, écharpe aux couleurs nationales autour du cou, a pu exulter et savourer ce scénario idéal, avant de participer, au côté de Michel Platini, à la remise du trophée. En phase de poules, le président italien Giorgio Napolitano et le prince des Asturies s'étaient quittés en toute cordialité, les deux équipes ayant fait match nul (1-1). Dimanche soir, il devait y avoir un vainqueur...
Cette fois, la princesse Letizia n'était pas présente, elle qu'on avait précisément vue si bouillante lors du premier duel ibérico-italien. Le prince Felipe n'a donc pas eu de problème à se faire inviter dans le vestiaire espagnol pour fêter avec les hommes de Del Bosque ce nouveau sacre et ce triplé historique - Euro 2008, Mondial 2010, Euro 2012. Il y a fort à parier que la princesse des Asturies ne boudera pas, comme ce fut le cas pour la victoire dans l'Euro 2008, la cérémonie officielle de félicitations de l'équipe nationale.
D'ailleurs, après s'être gargarisés à bon droit du triomphe de la Roja, véritable bouffée d'euphorie dans un marasme ambiant déprimant, les médias et citoyens espagnols accueillaient aujourd'hui les fils prodigues, de retour sur leurs terres en héros. Arrivés lundi après-midi à Madrid, où le gardien Iker Casillas, dont la compagne Sara Carbonero avait dû partir précipitamment d'Ukraine en raison d'un décès dans sa famille, a le premier quitté leur avion aux couleurs de la Roja en brandissant la coupe, et acclamés par une foule en liesse dès l'aéroport, les joueurs devaient être reçus en audience par le roi Juan Carlos Ier, lequel, cravate "roja" de circonstance, les a félicités avec effusion au palais de la Zarzuela : "Les Espagnols sont fiers de vous, vraiment fiers, pas seulement parce que chacun de vous est un bon joueur, mais parce que comme équipe vous êtes formidables. Vous avez montré que vous saviez jouer et aussi que vous avez des qualités personnelles, et aussi des qualités comme équipe. Ceci est le fruit de votre travail, de votre engagement", a-t-il dit, rendant tout particulièrement hommage au sélectionneur Vicente del Bosque.
Les champions d'Europe doivent dans la soirée parader à bord d'un bus à impériale jusqu'à la place de Cibeles, que la fête embrasera pour toute la nuit.