Purepeople : Vous sortez votre premier livre à 68 ans, pourquoi avoir attendu ?
Jean-Pierre Mader : Je suis comme un surfeur qui attend la vague. C'est un défaut que j'ai. Pour la tournée Stars 80, j'avais traîné des pieds. Pour ce livre, j'ai aussi traîné des pieds ! Et c'est un éditeur qui m'a convaincu. J'ai vu que ça tenait la route. Je suis quelqu'un qui a besoin d'être rassuré. J'ai besoin qu'on me prenne par la main.
Vous évoquez une enfance plutôt modeste...
C'est vrai que je viens d'un milieu assez modeste. J'avais des parents âgés. J'ai eu une enfance heureuse mais j'avais des parents que j'ai découvert sur le tard. Surtout ma mère, qui soignait les premiers ravages des opiacés, dans les années 1970. Il y avait chez moi un climat de tolérance et dès le début, j'ai vécu avec une ouverture d'esprit incroyable. Au moment de l'adolescence, la maison était ouverte, elle faisait des pâtes pour tout le monde, on arrivait à 2h du matin après avoir vu des films d'épouvante... Je me suis aperçu que la norme, c'était chiant. Ma mère m'a beaucoup aidé à me construire, je m'en suis aperçu tard.
Comment on garde la tête froide quand le succès arrive ?
Quand le succès est arrivé, j'ai quand même pété un câble. C'est normal, quand tout le monde vous dit que vous êtes génial. Les succès s'enchaînaient, les concerts aussi, les jolies filles me regardaient donc j'ai un peu changé. C'est évident. Mais pas tant que ça en fin de compte. Et quand ça s'est ralenti et que c'est devenu plus difficile, j'ai su bien négocier le virage. Je n'ai pas fait un disque de trop et j'ai pu travailler, notamment en production. La vie a fait que je suis revenu aux années 1980 à la demande générale !
C'est quoi l'achat le plus fou que vous avez fait quand vous avez eu de l'argent ?
Je vais vous étonner mais je suis un fan de décoration. J'adore le design. Je me suis acheté des meubles. Une table basse Eileen Gray. Je me suis acheté des objets qui avaient une histoire. Je ne suis pas du tout voitures, studios... Dès que j'ai eu de l'argent, j'ai acheté des meubles. J'ai des pièces assez rares, qui valent une fortune aujourd'hui. Et j'avais investi dans des boîtes à rythme, j'ai acheté la TR-808... des choses qui valent beaucoup d'argent parce qu'elles sont vintage et introuvable. Mais je n'ai pas fait de folie.
Il paraît que la chanson Macumba a failli revenir à Philippe Lavil !
C'est vrai ! C'était une époque où je cherchais à gagner un peu ma vie. J'étais devenu musicien studio à Toulouse et son directeur artistique, Jean Mareska, m'avait demandé si j'avais quelque chose d'entraînant. Je n'étais pas connu. J'ai fait une musique à la basse et c'était les prémisses de Macumba. Pas comme on la connaît mais pas loin. Ils l'ont gardée pour l'album de Philippe Lavil mais ils ne l'ont pas enregistrée. Un jour, après le succès de Disparue, Richard Seff s'est souvenu de ce titre et m'a demandé de le retravailler. On a ressorti ce titre vieux de deux ans des tiroirs et c'est devenu Macumba. C'est un succès sur un malentendu ! Au début on le trouvait très moyen, je l'avais testé avec des cuivres, plus sérieux... Je ne voulais même pas l'enregistrer. C'est marrant, la vie. Macumba a changé ma vie alors que je ne m'y attendais pas du tout.
Propos recueillis par Yohann Turi. Toute reproduction interdite sans la mention de Purepeople.com.