Il n'a pas toujours été l'homme de cinéma et de théâtre que l'on connaît. Il ne s'est même pas toujours appelé Fabrice Luchini, à vrai dire, puisqu'il s'agit d'une fausse identité datant des jeunes années de l'acteur. Lui qui est né dans le 9e arrondissement de Paris, qui a fait sa scolarité rue de Clignancourt, a fini par trouver un travail dans un grand salon de coiffure de la capitale, situé avenue Matignon, alors qu'il n'avait que 14 ans. C'est sa maman qui était tombée sur une annonce dans France Soir, et l'expérience l'a complètement changé... lui, ou en tout cas, le prénom que ses parents lui avaient donné.
Il trouve que mon prénom, Robert, est trop populaire
"Nous étions quatre-vingt-dix employés, raconte-il au journal Le Monde. Le patron m'impose les cheveux longs et je m'invente une vocation. Pour être accepté, je dis que je suis passionné par la coiffure. Il trouve que mon prénom, Robert, est trop populaire, il me propose Jean-Octave, Jean-Hughes et Fabrice. J'ai choisi Fabrice, un prénom que j'ai adopté très facilement. Je me retrouve alors entouré d'homosexuels et de femmes sublimes. Grâce aux pourboires, je parviens à m'acheter une paire de mocassins Weston, je découvre un autre monde."
Professionnellement, également, Fabrice Luchini a vécu de drôles d'expériences dans ce salon. Il voyait Marlène Jobert venir pour se faire épiler, il faisait la nuque de Joe Dassin, apercevait Johnny Hallyday et Sylvie Vartan. Expert capillaire de 14 à 18 ans, l'acteur a fait la rencontre de Paul Bensimon, qui lui a présenté Philippe Labro, puis le producteur Pierre Cottrell, qui a parlé de lui au réalisateur Eric Rohmer. Le destin était scellé. Il a joué pour l'un, en 1969 dans Tout peut arriver, puis pour l'autre, en 1970 dans Le Genou de Claire. La suite de sa carrière, bien sûr, nous la connaissons tous. Et dire qu'il était à un cheveu de passer à côté...
Retrouvez l'interview de Fabrice Luchini sur le site du journal Le Monde.