Lorsque Fabrice Luchini s'apprête à sortir un film ou monter sur scène, les journalistes se jettent sur la bête. Car cet amoureux des grands auteurs - La Fontaine, Céline, Flaubert - a également la langue bien pendue et ses interviews sont, généralement, tout à fait croquignolettes.
C'est le cas cette semaine dans Le Figaro Magazine. L'acteur y déroule son abécédaire évoquant au fil des lettres sa passion pour Johnny Hallyday, l'île de Ré ou les grands Laurent Terzieff, disparu récemment, et Eric Rohmer qui lui a confié ses premiers rôles. Lui qui sera bientôt à l'affiche de Potiche de François Ozon - présenté au festival de Venise au côté de Karin Viard, Catherine Deneuve et Gérard Depardieu - développe une intéressante théorie à la lettre X.
X pour porno, évidemment : "Les films pornos m'ennuient profondément", nous confie l'acteur. "Ce qui doit signifier que je ne suis pas trop homo puisque la théorie de mon psy est que les hommes qui regardent les pornos sont en fait homos : ils font croire qu'ils regardent les femmes en train de subir les assauts sexuels de leurs partenaires alors qu'en fait ils n'ont d'yeux que pour les gros zizis des acteurs." Délicieux et pertinent, n'est-ce pas ?
En décembre 2009, alors qu'il s'apprêtait à monter sur scène lire du Roland Barthes et du Rimbaud à l'espace Pierre Cardin, Luchini s'était confié au magazine gay et lesbien Têtu. Il déclarait alors, à propos de son hétérosexualité : "Mais oui, à une époque, j'allais mal et je me disais que j'étais peut-être un homo refoulé. J'ai essayé une fois avec un bonhomme, mais ce n'était pas ça. Ca m'a... bouhh... troublé. Je n'ai pas été jusqu'à la sodom'. J'adore dire ce mot : la sodom'."
Un mot qu'il n'aura sans doute pas l'occasion de prononcer dans l'adaptation cinéma du Le Dernier Mort de Mitterrand, le best-seller de Raphaëlle Bacqué. Fabrice Luchini est pressenti pour y interpréter, tout de même, le président socialiste.
Potiche de François Ozon, en salles le 10 novembre 2010.
A.D.