Fanny Ardant a laissé sa casquette de réalisatrice, portée pour Le Divan de Staline, pour endosser le costume de l'héroïne de Lola Pater. Un rôle audacieux et émouvant, celui d'un homme devenu femme que son fils retrouve après vingt-cinq ans d'absence. Pour parler du film Lola Pater, l'artiste française s'est confiée en toute liberté dans le magazine Télérama, abordant la transsexualité, thème central du film, comme les clichés dont elle est victime, en passant par la politique.
Pour son rôle dans Lola Pater, Fanny Ardant s'est nourrie de rencontres qu'elle a faites par le passé : "J'ai connu beaucoup de transsexuels sur le tournage de Pédale douce. Je ne connais pas la souffrance de vivre dans un corps qui n'est pas le sien, donc je leur avais posé plein de questions. Indiscrètes, parfois. Mais la barbe avec la discrétion ! Bref, elles m'avaient répondu, et avec une grande liberté, ce qui avait renforcé mon admiration : tant d'efforts pour devenir ce que l'on veut être..." Et quand on lui demande si elle a songé à changer de sexe, elle répond : "J'aime trop les hommes pour avoir songé, un jour, à en devenir un." Cependant, elle s'amuse de la remarque d'une femme qui a douté de son genre après avoir vu le film, déclarant lui avoir répondu : "Je suis connue pour avoir menti toute ma vie. Alors peut-être m'avez-vous démasquée."
Franche, Fanny Ardant parle aussi de politique en toute liberté. Elle refuse d'être une donneuse de leçons et rétablit au passage certaines choses, notamment concernant les Brigades rouges : "J'ai contesté un système judiciaire qui offrait des remises de peine aux repentis, des gens qui, tout de même, avaient trahi leurs camarades. Et j'ai osé dire que je préférais l'attitude d'un de leurs chefs qui faisait ses trente ans de taule sans dénoncer personne." Révolutionnaire, elle déteste la violence, mais précise que "tout progrès social se fait dans l'illégalité". Ne lui demandez pas pour qui elle vote, l'héroïne de Vivement dimanche ne va pas dans les urnes : "Je ne vote pas. Parce que je n'ai toujours pas trouvé l'homme ou la femme politique qui me pousse à lui confier ma voix."
L'indéfinissable Fanny Ardant, heureuse maman de trois filles, ne veut pas qu'on la mette dans une case et fuit les stéréotypes et les étiquettes. Il en est une qui lui colle à la peau depuis longtemps, celle de dame aisée au langage châtié : "Parce que j'ai la voix que j'ai, que j'ai grandi à Monaco et que je suis fille de militaire, je serais une grande bourgeoise ? Clichés..."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Télérama du 25 juillet
Lola Pater, en salles le 9 août