Lundi 29 mars, une cérémonie religieuse était organisée à Paris pour la très croyante Florence Arthaud. La navigatrice est morte en Argentine, dans un double crash d'hélicoptères qui a coûté la vie à dix personnes, dont les sportifs Alexis Vastine et Camille Muffat, sur le tournage de l'émission d'aventure Dropped. D'aventures, Florence n'en a pas manqué au cours de son existence. Son frère de sang, ses frères marins l'ont rappelé dans la petite église de Saint-Séverin dans le 5e arrondissement de Paris. Sa fille Marie s'est figée de douleur durant la cérémonie, selon l'Équipe.
"Aujourd'hui, la disparition soudaine de Florence Arthaud laisse un grande vite autour de nous, a déclaré le père Guillaume Normand. Je pense particulièrement à vous, Marie. (...) Je pense également à vous, sa famille de sang et sa famille de la mer. Je pense à la foule des visages qui vous sont inconnus et pour qui Florence Arthaud, la petite fiancée de l'Atlantique, aura tout représenté."
Durant une heure ses proches se sont succédé pour évoquer son souvenir. Catherine, une amie d'enfance, se souvient d'une "battante, généreuse, le front tourné vers l'horizon et le large" qui a fait beaucoup "pour défendre les droits des femmes" : "Tu trouveras la sérénité en mer", dit-elle, s'adressant directement à Florence Arthaud. Puis c'est au tour de son frère Hubert de prendre la parole et de rappeler comment est né son désir de course au grand large : "Sa première vocation était d'être médecin du monde. Mais lors de sa première année de médecine, un accident [de voiture, NDLR] a grandement changé sa vie. Un professeur avait conseillé d'effectuer une traversée de l'Atlantique. Une révélation. Au retour, elle a annoncé à notre père qu'elle voulait courir la Route du rhum." Une course mythique qu'elle a remportée en 1990. Florence est la seule femme à ce jour à avoir gagné cette traversée de l'Atlantique en solitaire. Hubert Arthaud a évoqué sa soeur comme un "héros fragile", une "passionnée qui aimait les autres" : "Elle va nous manquer. Elle n'est plus là... mais elle est là." Le solitaire Yves Parlier s'est souvenu de "quelqu'un d'assez extraordinaire, qui a ouvert beaucoup de voies, notamment pour les femmes. (...) Elle trace un beau sillage et j'espère qu'elle va nous emmener vers la paix. Des marins de cette trempe, il n'y en pas beaucoup."
Le sillage de Flo
De nombreux autres navigateurs étaient présents aux obsèques, comme Loïc Lingois, père de Marie, Isabelle Autissier, Catherine Chabaud, Titouan Lamazou, Eugène Riguidel le "tonton" de Florence, Yvon Fauconnier, Fred Le Peutrec ainsi que Jacqueline Tabarly, veuve d'Eric, et Jean-Pierre Champion, président de la Fédération française de voile. Certains ont glissé quelques mots à la presse après la cérémonie qui s'est achevée sur l'Ave Maria de Schubert. Philippe Monnet par exemple, qui fut aussi son compagnon : "Florence, elle nous a fait rêver. Avant de faire du bateau, on rêvait de cette petite femme face aux grosses brutes de l'époque qui lui accordaient beaucoup d'attention. Après, elle a tracé sa route et donné beaucoup de force à plein de gens, et pas qu'aux femmes." Un avis partagé par Gérard Petipas, équipier du regretté Tabarly : "Il était très important de rendre un dernier hommage à Florence. Elle nous a enchantés. C'était un grand marin, respectée dans ce monde d'hommes. Après sa victoire dans le Rhum, Tabarly avait dit d'elle qu'elle n'était pas un femme mais un grand marin."
Le 28 avril prochain, une cérémonie en mer se tiendra devant le monastère de l'île Saint-Honorat, au large de Cannes. Des roses seront dispersées dans l'eau. Sa famille se rendra ensuite, seule, déposer les cendres de Florence au cimetière communal de l'île Sainte-Marguerite. Elle reposera auprès de son père, l'éditeur Jacques Arthaud, et de son frère Jean-Marie, mort en mer en 2001. Florence Arthaud avait 57 ans...