Certains salons de Franck Provost (71 ans) se retrouvent dans la tourmente. Selon une enquête révélée le 19 janvier 2018 par le magazine Le Point, le fisc enquête actuellement sur de mystérieux logiciels qui ont été utilisés de manière frauduleuse sur les caisses de quelques salons de coiffure du célèbre homme d'affaires, pour soupçons de fraude fiscale. Franck Provost est à la tête du groupe Provalliance, "leader européen du secteur et numéro 2 mondial, à la tête de 3 130 salons détenus en propre ou franchisés, estampillés Franck Provost, Jean-Louis David, Maniatis ou Saint Algue", rappelle Le Point.
En 2015, un témoignage anonyme relevé par des inspecteurs des finances publiques avait permis d'attirer l'attention sur les agissements d'une société "confidentielle", Marlix. Rachetée depuis par Fiducial Informatique, celle-ci fournit aux salons de coiffure du groupe Provalliance "un logiciel qui permet aux dirigeants de se connecter à leur comptabilité à distance, depuis leur domicile par exemple". Mieux, "Marlix distribuerait également (...) une application contenue sur une petite clé USB qui, reliée au logiciel de caisse, permettrait de saisir un pourcentage ou un montant du chiffre d'affaires en espèces à éluder", lit-on. En bref, de minorer le chiffre d'affaires. Pour mieux échapper à l'impôt ? La question se posait, surtout après que des "anomalies" furent décelées dans la rentabilité de certains salons.
La même année, une enquête avait été ouverte afin de découvrir si les fraudes décelées étaient "isolées" ou "si elles étaient la conséquence d'un système généralisé, destiné à échapper à l'impôt". Après être intervenus sur différents salons partout en France, des agents de l'administrations fiscales avaient trouvé "dans plus d'une dizaines de salons de coiffure franchisés la fameuse application qui, connectée au logiciel Marlix, permet de faire disparaître des recettes".
En 2012, le fisc avait déjà procédé à un redressement fiscal à hauteur de 270 000 euros pour l'un des salons parisiens de Franck Provost. Une source connectée au parquet de Paris a également confirmé au magazine Le Point que des enquêtes préliminaires visant des logiciels de caisse dits "permissifs" ont été ouvertes et confiées à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions (Oclciff) de Nanterre. Plusieurs commerçants et restaurateurs ont déjà été condamnés au cours des dernières années, en attestent pour exemple les nombreuses affaires liées au logiciel de caisse Alliadis, qui a été condamné pour avoir fourni des fonctions permissives à des milliers de pharmaciens.
Contacté par Le Point, l'un des avocats de Provalliance, Me Bouchez El Ghozi, a affirmé que les salons franchisés avaient été prévenus "à de multiples reprises du risque qu'ils encouraient à utiliser le logiciel de caisse de manière frauduleuse". Le groupe a également rejeté la faute sur un ex-collaborateur, haut dirigeant qui a été licencié il y a maintenant quatre ans et qui avait reconnu par écrit des "détournements de fonds et admis s'être servi de Marlix à son propre profit". Autant d'agissements malhonnêtes qui, selon l'avocat, ont été fait "derrière le dos" de Franck Provost.