10 ans sans Bécaud, mais l'énergie de Monsieur 100 000 Volts a laissé comme un frisson inextinguible. Et c'est toute une électrique mythologie accaparant une part unique dans l'histoire de la chanson française qui sera ravivée, revitalisée au cours des prochains mois, au fil d'hommages mêlant souvenirs et nouveautés, convergeant vers le 18 décembre 2011, date du 10e anniversaire de la mort de Gilbert Bécaud.
Tandis que Charles Aznavour, qui fut son contemporain de trois ans son aîné et son compère au début des années 1950, reçoit ce 28 septembre 2011 une foule d'amis heureux de fêter le vénérable Charles à l'occasion de sa résidence à l'Olympia, une salle à jamais associée à la folle dimension "rockstar" de Gilbert Bécaud (il y connut une première submergée par la foule, s'y produisit à trente-trois reprises, y enregistra 15 albums live, et en honora la réouverture en 1997), les célébrations à la gloire de ce dernier s'organisent. Un programme dont nous vous dévoilons en exclusivité les grandes lignes.
Loin de la frénésie de Paris, qu'il dynamita de son timbre de voix et de la Bécaumania restée dans les annales, c'est à La Bussière, son village dans la Vienne, que débutera le 14 octobre le compte à rebours, avec le dévoilement d'un timbre Gilbert Bécaud par La Poste. Doit-on s'attendre à ce que l'immanquable complet bleu et la cravate à pois fétiche, vestige de ses débuts (un morceau de la robe de sa mère en guise de cravate lui permit de décrocher une place dans un piano-bar), y soient à l'honneur ?
Après ce coup d'envoi en image, c'est la publication aux éditions Didier Carpentier de l'ouvrage Gilbert Bécaud, la première idole, par Kitty Bécaud et Laurent Balandras, qui fera du 24 novembre une date à marquer d'une pierre blanche : pour la première fois, la femme de Monsieur 100 000 Volts ouvre ses archives et raconte 37 années aux côtés de l'artiste. Un témoignage qui s'annonce essentiel. "Alors, raconte", brûle-t-on de presser Kitty Bécaud et Laurent Balandras...
Outre les anecdotes et les souvenirs intimes, la musique sera bien entendu largement à l'honneur : fin novembre, un coffret de 12 CD et un best of chez EMI précéderont, le 15 décembre, un album hommage chez Warner conviant un casting incroyablement chic et éclectique à revisiter le répertoire de Bécaud. Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Julien Clerc, Ayo et d'autres guests d'horizons multiples se rassembleront pour donner de nouvelles lettres de noblesse au regretté et aux chansons qu'il a léguées.
Enfin, le 19 décembre, au lendemain du dixième anniversaire de la disparition de ce fumeur invétéré qui succomba sur sa péniche sur la Seine à un cancer des poumons (quelques années après en avoir réchappé une première fois), France 3 diffusera un documentaire à ne pas rater produit par Dominique Besnéhard et Marie-France Brière.
D'autres hommages (programmes télé et radio dédiés, mise en scène de sa cantate L'Enfant à l'Etoile en France et au Québec) sont également attendus. A noter, parmi eux, une exposition programmée dès le 5 octobre à L'Haÿ-les-Roses, consacrée à son parolier fétiche, Louis Amade. Les deux hommes s'étaient rencontrés en 1952, année du premier mariage du chanteur (avec Monique), année où il fit la connaissance d'Aznavour, année aussi où il adopta le nom de son beau-père (Louis Bécaud), non sans mal (sa mère n'étant pas divorcée de M. Silly, qui avait abandonné la famille). Louis Amade, qui demeure dans les cahiers de la chanson française comme le "préfet-poète" (il était haut fonctionnaire lorsqu'il n'écrivait pas), et Gilbert ne tardèrent pas à entamer leur belle et longue aventure avec la chanson Les Croix, suivie par d'autres savoureuses collaborations (Les Marchés de Provence, son accent et la gouaille méridionale de l'artiste originaire de Toulon, L'important c'est la rose et son poids sémantique...). Amade venait compléter la sainte trinité des paroliers attachés à la carrière de Bécaud, avec Maurice Vidalin et Pierre Delanoë, rencontrés quelques années auparavant.
Et maintenant... On attend, on attend...