Guillaume Canet a certes tourné la (très belle) page Jappeloup, entamant cette semaine à Nice avec Catherine Deneuve le tournage du prochain film d'André Téchiné, L'Homme que l'on aimait trop, consacré à l'affaire Le Roux-Agnelet, mais la fièvre équine ne le quitte plus depuis qu'il s'est remis en selle en 2012 pour la réalisation de Christian Duguay inspiré de la légende du cavalier Pierre Durand et du cheval Jappeloup.
Après le Gucci Masters de Paris en décembre dernier, le Jumping de Bordeaux en février, celui de Chantilly en avril, ou encore celui de La Baule en mai, qu'il disputait quelques heures seulement avant de rejoindre sa compagne Marion Cotillard sur la Côte d'Azur pour présenter son film Blood Ties au Festival de Cannes, c'est au Jumping international de Cannes (13-15 juin 2013), dont la Croisette a été désertée par les festivaliers et pas encore investie par les vacanciers, que le plus "cavalier" des cinéastes s'illustre ces jours-ci.
Quittant la robe de magistrat et son rôle de l'avocat Maurice Agnelet pour la bombe et les bottes, et délaissant le palais préfectoral de Nice (ancien Palais des rois sardes) où André Téchiné a commencé à tourner cette semaine selon une information publiée jeudi par Le Parisien, Guillaume Canet, 40 ans, a profité des répits (aménagés spécialement ?) dans l'emploi du temps du tournage pour disputer le Jumping de Cannes, étape du Longines Global Champions Tour. Avec plus de succès que lors de ses dernières sorties, puisqu'il s'est offert la première victoire du rendez-vous lors du Prix Licarzo !
Engagé en CSI 1* (catégorie amateurs), l'ancien grand espoir du saut d'obstacles, champion junior qui avait été contraint de renoncer à 19 ans à son désir de carrière sportive suite à une mauvaise chute, s'est doublement fait plaisir, jeudi, au stade des Hespérides, avec deux sans faute : en tête après un premier passage convaincant sur Jumping Star Callius (3e), Canet est allé chercher la victoire sur l'alezan Padisha de Mars, pour 26 centièmes aux dépens de sa compatriote Clara Fabre. Suffisant pour entendre La Marseillaise résonner rien que pour lui. Victorieux, le réalisateur-acteur a savouré avec un plaisir évident ce succès, après des mois passés à retrouver des sensations en compétition sans rafler d'honneurs. À nouveau en lice vendredi, c'était un peu moins glorieux : qualifié avec Padisha de Mars (mais pas Jumping Star Callius) pour la finale du Prix Groupe Accor (CSI 1*), à partir de 12h, la star a eu à essuyer un refus de sa monture ; s'il est parvenu à éviter de justesse la chute, Guillaume Canet en a été bon pour la dernière place du jump-off. Un jour avec, un jour sans.
De Pierre Durand à Maurice Agnelet...
Peu importe. "Mon seul objectif est de me faire plaisir. Je participe donc à de petites épreuves. Et lorsque j'ai l'occasion de participer à de petites épreuves avec de grands cavaliers, c'est encore plus plaisant. Après si les résultats suivent... Le plaisir avant tout. Maintenant on verra. Si tout se passe bien, pourquoi pas aller plus loin", avait-il déjà expliqué au Courrier Picard lors du rendez-vous de Chantilly, confirmant ensuite à La Baule, toujours en lice avec B. et Breezer VD Dwerse Hagen : "Maintenant, je m'amuse un peu, je fais des petites épreuves, pas du tout au niveau auquel je montais avant et je me fais plaisir. Je retrouve exactement ce qui m'a manqué sans le savoir pendant des années : cette adrénaline et ce contact avec l'animal, avec le cheval, le monde aussi dans lequel on évolue. J'ai évolué pendant vingt ans dans un monde qui est le cinéma, et c'est vrai que quand je reviens dans ce monde équestre j'ai l'impression d'avoir fait un voyage dans le temps et une parenthèse un peu irréelle. Je reviens dans un monde avec des gens qui ont la tête sur les épaules, des gens très très différents et ça me fait du bien."
Avant d'aller poursuivre le tournage de L'Homme que l'on aimait trop en dehors de Nice, toujours dans le département des Alpes-Maritimes et notamment à Grasse et Menton, Guillaume Canet pourrait profiter de la journée de samedi pour tenter de récidiver au Jumping de Cannes. Une nouvelle bouffée d'oxygène avant de replonger dans la noirceur de l'affaire qui l'occupe en ce moment, entré dans la peau de Maurice Agnelet, cet avocat accusé d'avoir fait disparaître en 1977 sa maîtresse Agnès Le Roux (incarnée à l'écran par Adèle Haenel, remarquée dans L'Apollonide : Souvenirs de la maison close de Bertrand Bonello) dans des circonstances encore non élucidées, condamné en 2007 à 20 ans de réclusion pour assassinat mais aujourd'hui libre à 74 ans et en attente d'un troisième procès suite à l'intervention en janvier dernier de la Cour européenne des Droits de l'Homme. Une intrigue qui promet un face-à-face intense avec Catherine Deneuve (Renée Le Roux) en mère en deuil, et une foule de doutes pour le public : "Le film ne délivre aucun message, ne juge ni ne condamne personne. (...) Il montre les zones d'ombre et laisse au spectateur la liberté de les interpréter", a récemment indiqué André Téchiné au quotidien Nice-Matin.
Le Parisien et l'AFP révèlent que le tournage, qui s'est poursuivi dans le Vieux-Nice en toute discrétion jusqu'à ce vendredi, "se déplacera la semaine prochaine dans d'autres points du département pour des intérieurs et des extérieurs, dont Grasse et Menton (...) avant de regagner Paris pour quatre autres semaines".