Alors que Jappeloup, le film de Christian Duguay, cartonne en ce moment au cinéma et a atteint le million de téléspectateurs, dans l'ombre, les producteurs, le cavalier Pierre Durand et l'éleveur du champion, Henry Delage, sont au coeur d'une bataille judiciaire.
Si le film raconte à l'écran la sublime histoire du cavalier Pierre Durand (incarné par Guillaume Canet dans le film) et de son cheval Jappeloup avec lequel il est devenu champion olympique de saut d'obstacles aux jeux de Séoul en 1988, dans la réalité, l'ancien cavalier est plutôt remonté. Comme le révèle le magazine L'Express du 27 mars, Pierre Durand a assigné devant l'Office de l'harmonisation dans le marché intérieur (Ohmi), "l'instance d'enregistrement des marques pour l'Union européenne", les producteurs du film, Pathé et Acajou Films, afin de les empêcher de commercialiser le nom "Jappeloup" à d'autres fins que cinématographiques. Mais ce n'est pas tout puisque le tribunal de grande instance de Paris doit également prendre parti sur l'exploitation des produits dérivés du film, un autre litige qui oppose le cavalier et les producteurs.
Si Pierre Durand (58 ans) ne souhaite pas voir le nom "Jappeloup" être utilisé à d'autres fins que cinématographiques, cela vaut également pour l'éleveur du célèbre cheval, Henry Delage (joué par Jacques Higelin), qu'il a également attaqué à Bordeaux. Le cavalier reproche à l'éleveur de 87 ans d'utiliser le nom de la monture pour vendre du vin et des accessoires d'équitation. Rappelant qu'il a déposé cette marque "il y a près de vingt ans" et que Jappeloup avant d'être un cheval était le nom de sa ferme équestre située à Saint-Savin en Gironde, Henry Delage n'a pas l'intention de se laisser faire.
Face à Me Eric Agostini, avocat de Pierre Durand, qui précise que ce dernier était le propriétaire de la monture - il l'a achetée à Henry Delage en 1981 selon Sud Ouest - et "l'incontestable gardien du patrimoine de Jappeloup" et que "s'il avait pensé à l'argent, il y a longtemps qu'il aurait déposé la marque", Henry Delage rétorque que Pierre Durand "était prêt à vendre Jappeloup à des Américains qui lui en proposaient 1 million de dollars", précisant même que "l'affaire a capoté pour des raisons vétérinaires." Pierre Durand, un homme intéressé par le cheval bankable ?
Si les valeurs humaines, l'amitié, l'amour des animaux et la beauté du sport font le succès au cinéma de Jappeloup, derrière la caméra le pauvre champion décédé en 1991 est encore aujourd'hui au coeur de toutes les attentions. Malheureusement, ce n'est pas pour sa carrière exceptionnelle...