Hervé Vilard a connu le succès et bien des drames personnels. Le chanteur de 75 ans quitte le Berry de son enfance en 1965 pour monter à Paris. Quelques années plus tard, il connaitra la gloire grâce à sa chanson restée dans les annales : Capri, c'est fini. Mais derrière ce bonheur se cache une terrible histoire familiale. Né en 1946 d'une mère inconnue qui a accouché de lui dans un taxi parisien, Hervé Vilard est placé dans un orphelinat du 14ème arrondissement de la capitale, avant de passer de famille d'accueil en famille d'accueil et d'être élevé par une famille de paysans du Berry. Il ne connaîtra jamais son père.
Invité dans l'émission Lunettes noires pour nuits blanches de Thierry Ardisson dans les années 90, Hervé Vilard a évoqué ses retrouvailles avec sa mère, qu'il doit à des journalistes de France Dimanche. "Après mon concert, je rentre dans cette chambre d'hôtel, maman était assise là... Et à ce moment-là, des photographes sortent des placards, il y a des flashs. C'était assez horrible." Un moment intime qui a fait les Unes des magazines de l'époque.
Hervé Vilard va alors tenter de rattraper le temps perdu avec sa maman et va vivre avec elle durant quelques années. Atteinte d'Alzheimer et ayant des problèmes d'alcoolisme, la femme, qui se prénomme Blanche, meurt en 1981. "On ne refait pas la vie de quelqu'un qui a plus de 60 ans. J'ai beaucoup essayé de m'occuper de maman. Elle a beaucoup culpabilisé et ça n'a pas réussi", a-t-il déploré face àThierry Ardisson.
Mais surtout, le chanteur avait connu Daniel Cordier ( le secrétaire de Jean Moulin) dans les années 1960 alors qu'il était un adolescent rebelle, ayant fui d'un orphelinat. "J'étais en cavale, devant la gare Montparnasse, il y avait le peintre Dado, qui travaillait pour Daniel. Il m'a donné un sandwich et m'a dit de venir à un vernissage pour 'm'en mettre plein la gueule'. J'ai mangé tous les petits fours. Et Daniel était là, il a demandé : mais qui est ce garçon ?", s'est souvenu Hervé Vilard au micro de RTL. Une fois les présentations faites, Daniel Cordier avait pris en sympathie le jeune homme, lui conseillant de retourner à l'orphelinat le temps qu'il fasse les démarches administratives pour s'occuper légalement de lui. Promesse tenue puisqu'en 1962 il devenait son tuteur. "En échange je m'étais engagé à être un garçon droit", a ajouté l'artiste.
Hervé Vilard a pleuré la mort de celui qu'il présente comme son "libérateur", une personne qui "ne supportait pas les gens enfermés, la souffrance des autres". Il ajoute : "Je lui dois ma liberté, le savoir, la connaissance, tout ce qu'il m'a appris, le monde, mon succès." C'est grâce à Daniel Cordier, qui lui avait trouvé un travail chez un disquaire dans la capitale, puis l'avait inscrit à des cours de chant, qu'Hervé Vilard avait pu réussir dans la musique. Pour lui prouver son talent, sa reconnaissance et sa volonté de véritablement faire carrière dans la chanson, il avait notamment écrit son plus grand tube : Capri, c'est fini, paru en 1965. Une manière de lui prouver qu'il en était "capable".
Quant à son père, Hervé Vilard ne le connaîtra jamais. Célèbre, il a été contacté par des personnes habitants Propriano, en Corse pour lui donner des informations. "On t'appelle et on te dit 'votre père est ici'. Mais en fait il est enterré", résume l'animateur. Avant de poursuivre : "C'est quelqu'un qui s'appelait Bagliogni qui était venu à Paris, qui a fait un enfant à ta mère et qui était marié en Corse. Il est reparti, laissant ta mère seule...", a noté le présentateur. Un récit difficile à entendre pour le chanteur, qui conclut simplement : "Il n'y a rien à ajouter".
Victime d'un infarctus en 2008, Hervé Vilard s'est tourné vers l'écriture, un moyen pour lui de parler de ses blessures d'enfant et de ses drames. En 2005, il publie chez Fayard son autobiographie L'âme seule. Le succès étant au rendez-vous, comme le rapporte RFI Musique, l'artiste fait paraître un deuxième tome, Le bal des papillons, en 2007.