La crise sanitaire liée au coronavirus semble s'être confortablement installée en nos frontières. Pour bien des domaines, c'est une catastrophe sans précédent. D'autant plus que, le 28 octobre dernier, en prenant la parole, notre président de la République Emmanuel Macron a annoncé que tous les lieux recevant du public seraient à nouveau fermés - sauf service public. Un coup dur pour tous les petits commerces, les restaurants et bars ainsi que tous les artistes français, qui n'ont plus accès aux salles de spectacles, aux plateaux de tournage ou aux studios d'enregistrement.
Dans les colonnes du dernier magazine Elle, Isabelle Adjani jette un regard sombre sur cette situation. "Notre réservoir se vide chaque jour un peu plus. Mercredi 28 octobre, intérieur nuit. Sonnée, j'éteins la télévision, j'ai l'impression d'avoir reçu un coup de boule, se souvient la comédienne. Plus de vingt minutes d'intervention et le président de la République n'a pas prononcé une seule fois le mot 'culture'... mais peut-être que ce n'est pas le sujet, comme on le serine aux artistes dans les médias et sur les réseaux sociaux depuis l'acte 1 du confinement. Oui, peut-être d'ailleurs n'est-ce déjà plus un sujet."
Nous finirons par ne plus servir à rien
Grands oubliés de ces derniers mois, les artistes n'ont pas trouvé plus de réconfort devant le discours de Jean Castex le 12 novembre. Les restrictions ne devraient pas s'adoucir d'ici le mois de décembre... au mieux ! "Nous, artistes et équipes de spectacles confondus, nous sommes devenus aussi inactuels qu'inessentiels, point à la ligne, regrette Isabelle Adjani. A rester trop longtemps prisonniers entre la plateforme et le vide, nous finirons par ne plus servir à rien, nous servirons, c'est tout." Au sein de ce même magazine, Benjamin Biolay fait le même constat. Celui d'une absence de réponse, d'une absence d'avenir.
Son art lui a sauvé la vie. Récemment, Benjamin Biolay est parvenu à sortir unnouvel album intitulé Grand Prix. Il ne discernerait, en revanche, aucune palme au gouvernement pour son absence de considération. Il ne conseillerait, pas plus, à de jeunes talents ne se lancer corps et âme dans l'art, ce domaine d'incertitudes troublantes. "Si c'est dans une interview pour un magazine, je dirais : 'Vas-y, qui ne tente rien n'a rien', précise-t-il. Mais si c'est mon petit neveu ou ma fille, qui est une adolescente, je lui dis : 'Passe ton bac, d'abord !' Je sais, c'est horrible." Difficile de nier qu'on vit, effectivement, une drôle d'époque...
Retrouvez l'interview d'Isabelle Adjani dans le magazine Elle, spécial culture, n° 3908 du 13 novembre 2020.