Auteure de la saga à succès Harry Potter, J.K. Rowling traîne derrière elle un douloureux passif. Outre la précarité financière dans laquelle elle se trouvait lorsqu'elle a créé le personnage d'Harry et son univers magique, il faut aussi noter les troubles familiaux, l'éloignement et la mort de sa mère.
Fille d'Anne Volant (une femme d'origine française, ce qui explique aussi l'intérêt de Rowling pour la langue de Molière), J.K. Rowling confiait lundi dernier sur l'antenne de la BBC Radio 4 combien il avait été "douloureux" pour elle que sa mère soit morte avant d'avoir connu son succès. Pire, selon l'écrivaine écossaise, sa mère "n'a pas su, elle n'a jamais rien su sur Harry Potter" que J.K. Rowling avait "commencé à écrire six mois avant sa mort". On est en 1990, la jeune femme venait alors de créer son jeune héros durant un voyage en train de Manchester à Londres. En décembre de la même année, Anne meurt de la sclérose en plaques qu'on lui avait détectée dix ans plus tôt, alors que Joanne n'avait que 15 ans.
Neuf mois plus tard, le deuil pas encore totalement fait, J.K. Rowling s'éloigne un temps de sa famille, pour enseigner l'anglais au Portugal. Et c'est à Porto – où elle va vivre un mariage houleux qui s'est soldé par un divorce – qu'elle écrit l'un de ses chapitres préférés, que l'on trouve dans L'École des Sorciers : Le Miroir du Riséd. Harry se retrouve face à un miroir qui lui permet de revoir ses parents décédés. Un moment délicat et particulier dans lequel Rowling a forcément mis un peu d'elle et de sa propre histoire. Après son divorce, elle reviendra en Grande-Bretagne, vivra d'allocations et élèvera seule sa fille Jessica, tout en écrivant peu à peu sa saga naissante.
Si sa mère était encore vivante, elle serait fière d'elle, Rowling n'en doute pas un instant : "Ma mère était une lectrice passionnée, elle aurait été enthousiasmée quoi que je fasse, quels que soient mes résultats, mais le fait que je sois auteur, elle aurait vu cela comme quelque chose de précieux." Interrogée sur son adolescence, J.K. Rowling ne cache pas "la culpabilité, l'inquiétude et l'anxiété" qu'elle a éprouvées lorsqu'elle a appris que sa mère était atteinte de la sclérose en plaques. "J'étais adolescente, ça a eu un énorme impact sur notre vie de famille et ma mère, au moment où elle a été diagnostiquée, était déjà assez malade, se souvient-elle. Il ne s'agissait pas seulement de gérer le spectre de l'inconnu, mais d'être aux prises avec la réalité quotidienne de quelqu'un qui commence à ne plus pouvoir marcher."
Aujourd'hui auteure à succès, J.K. Rowling a triomphé avec la saga du petit sorcier vendue à plus de 450 millions d'exemplaires et bien sûr adaptée au cinéma avec des retombées financières de plusieurs milliards de dollars de recettes. Probablement le plus bel hommage qu'elle pouvait faire à sa défunte mère...