Ce 8 janvier 2010 est par avance gravé dans les annales de la chanson française : s'il a annoncé son retour sur scène, après 17 ans d'absence, au moment où Michael Jackson l'a, lui, irrémédiablement quittée, Jacques Dutronc passe en effet à l'acte aujourd'hui.
Histoire de mieux nous préparer à cet événement constitué par sa série d'une cinquantaine de concerts d'ici au mois de mai, un site Internet dédié a été lancé aujourd'hui, où chacun, inconditionnels comme curieux, pourra mesurer son degré de connaissance de l'homme aux lunettes fumées, grâce à un blindtest tout simplement génial.
Jacques Dutronc, lui, est prêt. Il a promis que, salle bourrée ou pas, lui le serait - bourré. Il a promis que Vincent Lindon et Etienne Daho le rejoindraient sur scène pour reprendre avec lui Tous les goûts sont dans ma nature, et que son fils Thomas, dont il est si fier, viendrait taper le boeuf. Il a promis que ce serait rock'n'roll, et que Françoise Hardy avait même rendu un avis positif, fait rare. Réponse à l'issue de son concert de ce soir à Evry, dans l'Essonne.
Dans l'édition du Monde Magazine à paraître demain, derniers réglages, fruits des réflexions et des répétitions des dernières semaines. Tout est parti d'une idée de Thomas, désireux de tirer son père de son "immobilisme" forcé (une opération pour changer une prothèse de la hanche, l'hiver précédent, qui lui a valu six mois en position horizontale). Et voilà.
Pas de nouveauté saisissante dans ces confidences au Monde Magazine, si ce n'est quelques bons mots et aphorismes impossibles à réprimer. "Il est facile de parler. Mais de là à attendre des réponses...", statue-t-il.
Sa voix qui a perdu un ton, sa propension à la morosité ("je turbine tout le temps de façon à trouver quelque chose pour que ça aille mal"), son Fais pas ci, fais pas ça version presque rap, son Madame l'existence retenu pour ses paroles ("Je voudrais m'acheter/Une démocratie/Je voudrais m'acheter/Le meilleur d'une vie")... Des éléments qui se sont imposés ces derniers mois, sur la toile de fond de son cinéma : après Joseph et la fille au côté de Hafsia Herzi, Dutronc doit incarner l'écrivain Céline, son écrivain préféré ("sa veuve m'a toujours expliqué que je lui ressemblais, d'ailleurs j'ai le même doigt tordu que lui", souligne-t-il) dans un film de Christophe Malavoy, dont il entamera le tournage après... la tournée.
Et là, au milieu de tout cela, petite surprise : une brève esquisse de sa compagne Sylvie Duval, que son interlocuteur du Monde Magazine aperçoit en suivant son regard. "Comme d'habitude, il ne regarde pas son interlocuteur en parlant, un truc appris au cinéma. Il préfère chercher des yeux la longue jeune femme brune au visage énergique qui est désormais sa dame de coeur. Ils se sont rencontrés en 1998 sur le tournage de Place Vendôme, le film de Nicole Garcia. Sylvie Duval le maquillait. Ils ne se sont plus quittés". Une figure féminine aussi discrète que l'histoire Dutronc-Hardy fut tapageuse et captivante...