Il règne aujourd'hui en maître tout-puissant sur la planète rap : star du show business à la fortune mirobolante, Jay Z compte parmi les hommes les plus riches du monde et fricote même avec la crème de la politique US (on l'a vu à plusieurs reprises très proche de Barack Obama). Pourtant, comme beaucoup de ses collègues, le chanteur de 43 ans est parti de loin, de très très loin. Dans les colonnes du magazine Vanity Fair dont il fait la couverture, royal, le mari de Beyoncé se confie d'ailleurs sur ses années sombres et lève le voile sur son passé de dealer de drogue.
Né à Brooklyn en 1969, Jay Z (Shawn Carter de son vrai nom) n'a en effet pas toujours roulé en Rolls-Royce, chaînes en or autour du cou et Rolex au poignet. L'enfance du futur rappeur, issu d'une famille particulièrement pauvre, n'a pas été franchement rose : une mère célibataire avec trois enfants à charge, un père absent... très vite, Shawn Carter a dû se frotter à la dure loi de la rue et n'a eu d'autres choix que de se débrouiller par ses propres moyens. Quitte à endosser le costume de dealer.
"Nous étions dans une situation difficile, mais ma mère arrivait à s'en sortir, elle parvenait à être sur tous les fronts, confie l'époux de Beyoncé à Vanity Fair. Parfois on payait les petites factures, parfois on payait le téléphone, parfois on nous coupait le gaz. Mais on ne mourait pas de faim, on avait à manger sur la table. Mais c'était plutôt à l'école qu'on était gênés, on ne voulait pas aller en cours avec des baskets sales ou porter les mêmes vêtements encore et encore."
Crackhead
À l'époque, à Brooklyn, "impossible" d'après Jay Z d'échapper au crack. Et si le rappeur clarifie les choses et assure n'en avoir jamais consommé, il ne se cache cependant pas d'en avoir vendu dans les rues de son quartier. "Il n'y avait pas un endroit où le crack n'était pas là, raconte le chanteur et producteur. Vous alliez dans le hall d'entrée, il y avait des toxicos qui traînaient. Dans la rue aussi, il y avait des ampoules de crack partout par terre. Et cette odeur putride se faisait sentir dans tous les coins. Quand j'y pense, elle me revient très facilement."
Tabou familial, sa mère, Gloria, savait pertinemment le type d'activité auquel se livrait son fils mais elle n'a, selon Jay Z, jamais vraiment cherché à aborder la question. "On n'a jamais eu ce genre de conversation, on avait plutôt tendance à ignorer tout ça", déclare-t-il. Avec le recul, le rappeur prend aujourd'hui conscience des conséquences de la drogue sur sa communauté - chose à laquelle il n'avait jamais songé en tant qu'adolescent un brin paumé. "Je pensais uniquement à ma survie, je pensais juste à améliorer ma situation, j'avais juste envie de m'acheter des fringues", lâche le père de la petite Blue Ivy (18 mois).
Pas nécessairement fier de son passé, l'interprète de Holy Grail ne le renie par pour autant et estime que c'est en partie grâce à cette expérience qu'il est parvenu à son apogée professionnelle : "Je sais gérer les budgets, j'ai été dealer de drogues. Pour être dans le trafic de drogue, il faut savoir ce que tu peux dépenser, ce sur quoi tu dois investir. Si par exemple, tu as envie de lancer quelque chose comme un salon de coiffure ou un lavage-auto – c'était ça, les entreprises de l'époque. [...] À un moment donné, il faut mettre une stratégie sur pied parce que votre marge de manoeuvre est limitée, soit vous finissez en taule, soit vous allez crever." Dieu merci, Jay Z a brillamment échappé à ces deux terribles alternatives.
Aujourd'hui, le rappeur génial est un homme comblé par sa femme, la sublime Beyoncé, mais aussi par sa fille, l'irrésistible Blue Ivy, fruit de leur amour constant et qui s'avère être sa "plus grande fan". "Elle aime la musique de sa mère, elle regarde les concerts de Beyoncé sur l'ordinateur tous les soirs, livre Jay Z. Mais quand mon album [Magna Carta, NDLR] est sorti, on l'a mis à la maison, ce que je ne fais pas d'habitude. Mais Blue a adoré toutes les chansons. À chaque fois qu'elle en met une, à la fin elle dit 'encore papa, encore'. C'est ma plus grande fan. Si mon album ne s'était pas vendu, le fait qu'elle l'adore à ce point me procure la plus grande joie. Et ce n'est pas cliché, je suis vraiment sérieux."