Depuis 2001 et Chansons pour les pieds, Jean-Jacques Goldman s'en lave les mains, de la vie publique. Les heureux spectateurs de Un tour ensemble, sa tournée 2002, peuvent se féliciter de n'avoir pas manqué l'occasion rare de la voir sur scène, et faire la nique à ceux qui désespèrent depuis de jamais avoir cette chance, voyant que l'intéressé n'est pas disposer à faire le show autrement que pour sa sortie annuelle avec Les Enfoirés des Restos du coeur.
Forcément, le mutisme têtu et solidement justifié de Jean-Jacques Goldman ouvre l'espace médiatique à des rumeurs et des spéculations en pagaille "Reviendra ? Reviendra pas ?", résume Le Parisien en ouverture de l'article qu'il consacre aujourd'hui à l'épineuse question.
De son activité musicale, on ne peut juger que sur pièces, d'après les tubes qu'il continue à écrire très parcimonieusement, pour son ami Patrick Fiori (Merci, 2008) avec lequel il chantait en 2007 Quatre mots sur un piano en trio avec Christine Ricol, pour Calogero (l'ode à l'amitié C'est dit, premier extrait de l'album L'Embellie de l'Isérois), ou encore pour un nouveau talent qui tente de percer via MyMajorCompany, le label participatif sur Internet mis sur pied par son fils Michaël. ZEP, le dessinateur de Titeuf, l'annonce également à l'oeuvre pour la bande originale du long métrage en préparation consacré au turbulent gamin à la mèche blonde. Et, surtout, il faut compter avec sa présence fidèle à la manoeuvre pour Les Enfoirés. "Le boss, c'est lui", rappelle le quotidien francilien. Calogero affine le portrait : "C'est l'une des rares personnes de ce métier à ne pas donner de conseils. Il parle doucement, il n'a pas besoin de parler fort pour en imposer". Réjouissant, cette année encore, dans le spectacle La Crise de nerfs, il ne s'est jamais démobilisé depuis l'hymne composé pour la première campagne des Restos du coeur en 1986 et depuis le premier spectacle collégial en 1989.
En 2005, la retraite drastique de l'immense auteur-compositeur-interprète, alors déjà retiré à Marseille pour se consacrer à sa famille, ne fait pas l'ombre d'un doute. Premièrement, parce qu'il décline la Victoire d'honneur (Victoire des Victoires de l'artiste masculin) que souhaitaient lui remettre les Victoires de la Musique pour leur 20e anniversaire : "Il n'a jamais voulu venir le chercher, se souvient un organisateur. On lui a parlé une heure au téléphone. Rien à faire." La même année, Fred Hidalgo, alors patron du magazine musical Chorus, enregistre sa volonté : "Il nous a annoncé son retrait officiel lors d'une longue interview en 2005. Ce n'était pas un problème d'inspiration. Il avait déjà beaucoup de chansons d'avance et prétendait pouvoir enregistrer un CD en quelques mois".
Ereinté par la critique, Jean-Jacques Goldman avait, déjà à cette époque, largement coupé les ponts avec les médias : "il a posé ses conditions pour les interviews, détaille Le Parisien. Lettre de motivation, engagement écrit du directeur de la publication de ne pas mettre son nom et sa photo à la une".
Sa vraie vie, à Marseille, est vite esquissée : il s'est remarié et vit avec Nathalie, de vingt-sept ans sa cadette. Le couple a trois enfants. Un proche raconte : "Il va chercher ses gamins à l'école, joue au tennis, aime le foot. Sa femme est professeur de français. Quand elle passait l'agrégation, il s'est vraiment consacré à ses filles. Il vient de faire construire une maison".
Le grand Jean-Jacques troublera-t-il spontanément une telle sérénité pour le come-back qu'il avait promis à l'occasion de son 60e anniversaire ? C'est l'an prochain...