Les plus jeunes continuent de se délecter des aventures de l'intrépide Titeuf et de son éveil polisson dans le désormais fameux Guide du zizi sexuel, les plus grands se sont fait des rougeurs en découvrant récemment son album Happy Sex, qui, véritable kama sutra en mode humoristique, porte bien son nom : le dessinateur Zep, créateur du riquet à la houppe blonde, n'a pourtant pas fini de faire sensation.
Dans les colonnes du Matin suisse, Zep - Philippe Chapuis, de son vrai nom - se livre sur le long métrage en préparation consacré à son impertinent bébé. Avec une grosse et belle surprise du côté de la bande originale : si Renan Luce s'est récemment illustré avec quelques bêtises dédiées au Petit Nicolas, c'est au tour de Jean-Jacques Goldman de faire quelques détours en enfance !
Extrêmement discret à tous égards (y compris lorsqu'il compose pour une jeune révélation du label piloté par son fils !), Jean-Jacques Goldman n'a pas hésité à sortir de sa retraite pour le dessinateur helvétique, son ami depuis plusieurs années (Zep avait illustré en 2001 le disque Chanson pour les pieds, et accompagné à la guitare le musicien sur scène lors d'un concert à Genève, signale le Matin). Zep se souvient comment son ami s'est spontanément proposé : "Je ne pensais pas qu'il le ferait. J'avais une idée assez précise de la musique que je souhaitais, et je voulais juste lui poser une question. Il s'est proposé pour la composition de la bande originale, avec son frère". Avec son frère mais... pas seulement !
S'il composera la quasi intégralité de la bande originale - seuls deux titres seront l'oeuvre de Zep -, Goldman conviera trois autres génies consacrés de la chanson française dans cette entreprise : Alain Souchon, Bénabar, et Francis Cabrel. "Pour "Les filles à quoi ça sert ?" [titre qu'il a compopsé et arrangé par Goldman, NDLR], tout a été super rapide, confie le dessinateur. Avec son appui, tous les chanteurs ont accepté l'invitation. On est allé enregistrer des parties chez Jean-Jacques, chez Cabrel, et avec Souchon et Bénabar dans un studio à Paris".
A cette occasion, et alors que le long métrage ne devrait voir l'obscurité des salles de cinéma qu'au printemps 2011, Francis Cabrel a fait quelques confidences exclusives au Matin. Le chanteur d'Astaffort, dont Zep s'amuse à révéler qu'il a été particulièrement marqué par une des phrases de la chanson ("Désolé les filles, mais vous n'aurez pas mon zizi, tant pis...") et qui admet qu'il n'interprète "en principe jamais" les chansons d'autrui, s'étonne lui-même d'être de cette aventure enfantine. Et s'en réjouit. Extraits :
"Pour certaines de ses chansons, il [Goldman] a donné une liste des amis chanteurs qu'il souhaitait inviter. Moi j'étais dans sa liste pour "Les filles à quoi ça sert ?" (...) Mon admiration pour Zep était immense. Je ne l'avais jamais rencontré, mais j'avais juste entendu dire que c'était un mec vachement sympa. Et puis bon, avec le duo Goldman-Zep, je me suis dit qu'il n'y avait pas de raison d'hésiter. J'ai dit oui tout de suite ! (...) Pour Le Soldat Rose, j'avais dit oui sans écouter la maquette. C'était pour Louis Chedid, quelqu'un qui a toute mon estime. Je ne crois pas ces gens-là capables de faire de la médiocrité. Donc j'ai dit oui de la même manière pour le projet Titeuf. Mais la chanson m'a surpris, parce qu'il fallait dire le mot "zizi" à un moment donné. Je ne dis pas souvent ce mot dans mes propres chansons, mais bon..."
Le dessin animé Titeuf ? "Je connais, je regarde les dessins animés avec ma fille de 5 ans. C'est un personnage très fort (...) Depuis que j'ai des enfants, je suis un peu plus à l'aise. Et j'ai beaucoup d'admiration pour les gens qui savent écrire pour les enfants. C'est quelque chose que je ne sais pas faire. J'en parlais avec Henri Dès l'autre jour... Il faut un certain imaginaire, un lexique, des mots à employer ou à éviter (...) Peut-être qu'un jour j'approfondirai..."
Et comme si ce carré d'as de la chanson française ne suffisait pas, rappelons qu'une seconde chanson sera interprétée par Johnny Hallyday, lequel prête sa voix à l'un des personnages.
Si, après ça, on entend encore Titeuf se plaindre que "c'est pô juste"...
G.J.