Pour TF1 News, Jean-Luc Godard expliquera qu'il ne viendra pas à Cannes, qu'il y est déjà allé et qu'il n'y a rien à faire pour le convaincre. Tout ce qui l'importe, c'est qu'on regarde son film, et que l'on dise ce qu'on en pense. Par esprit de contradiction, il ne veut pas de prix, et surtout pas un prix qui ressemble à une récompense pour saluer sa carrière. Au micro de Patrick Cohen, le réalisateur d'A bout de souffle ne manquera pas d'écorcher ses pairs et le monde du cinéma. Il trouve cela inutile de restaurer des films : "On ne peut pas tout garder, il vaut mieux faire des films", explique-t-il en précisant qu'on peut entretenir, mais pas refaire.
Poursuivant sur l'idée de mémoire du cinéma, Jean-Luc Godard raconte qu'il regarde des films pour voir ce qu'il ne faut pas faire : "Si je vois un vieux Lino Ventura, je me dis au moins je ferais pas ça, je le trouve toujours aussi abominable. Il n'a jamais fait de bons films." Louis De Funès le fait rire, il le respecte mais ajoutera : "Pour moi, il n'a pas pu faire des films à la mesure de son talent." Quentin Tarantino a beau admirer ce réalisateur - il a appelé sa société de production Bande à part, comme le film de Godard -, il ne lui fera pas de cadeau : "Non, il ne m'intéresse pas. Comme on le disait au 17e siècle, c'est un faquin (un homme méprisable et impertinent selon la définition du Larousse). Un pauvre garçon. Tant mieux, s'il est heureux. Autrefois, c'était les gens qu'on détestait mais plus maintenant. On laisse aller." Un "faquin" est un terme vieilli qui signifie "homme de peu de valeur, mal élevé et méprisable", ou bien "personnage fier, insolent, hautain ou impertinent".
En ne venant pas au Festival de Cannes, Jean-Luc Godard ne verra pas Quentin Tarantino qui fêtera vendredi les 20 ans de son film Palme d'or, Pulp Fiction et présentera le western-spaghetti de Sergio Leone, Pour une poignée de dollars, pour la cérémonie de clôture le 24 mai.